«AQMI a besoin de publicité» (Le Figaro)
Pour Jean-Pierre Filiu, spécialiste d’al-Qaida, l’exécution de Michel Germaneau est due aux pressions exercées par al-Qaida central, l’organisation d’Oussama Ben Laden.
Jean-Pierre FILIU. – En raison des pressions exercées par al-Qaida central, l’organisation d’Oussama Ben Laden. Depuis deux mois, celle-ci peste contre les velléités de négociations d’otages occidentaux par al-Qaida au Maghreb islamique. Ben Laden pousse à des exécutions publicitaires, comme en Irak en 2004 et 2005. L’an dernier, al-Qaida central avait obtenu gain de cause lors de la mise à mort de l’otage britannique Edwin Dyer, par le groupe d’Abou Zeid. On ne peut pas exclure que ce soit encore le cas avec Germaneau. D’où cet ultimatum très étrange lancé à la France, sans revendication précise, et sans aucun contact entre les ravisseurs et l’État français.
Quels sont les liens entre AQMI et al-Qaida central ?
Très rarement, des émissaires parviennent à se déplacer entre les deux théâtres d’opération. Les communications se font surtout par téléphone satellitaire et par validation de leur propagande sur Internet.
Quelles sont les priorités d’AQMI ?
D’abord sa survie. Pour se maintenir à flot, AQMI a besoin de publicité. D’où ses enlèvements d’Occidentaux, qui lui offrent un impact sur la durée, contrairement, par exemple, à l’assassinat des quatre touristes français en 2007 en Mauritanie. Mais sur le plan opérationnel, AQMI est en difficulté. Elle voudrait ouvrir un front en Europe. Mais elle ne le peut plus, en raison de la coopération entre les services de renseignements des deux rives de la Méditerranée, et surtout parce que son message ne passe plus. AQMI se rabat sur le Sahara. Ses recrues sont de plus en plus africaines, mais sa chaîne de commandement reste entre les mains d’Algériens.