Algérie: l’opposition critique le projet de loi sur l’audiovisuel qui limite les émissions d’information
La nouvelle loi sur l’audiovisuel en Algérie présentée mardi aux députés, destinée à mettre fin à un monopole d’Etat de 52 ans, a été vivement critiquée par l’opposition qui lui reproche d’imposer aux futures chaînes de télévision privées d’être thématiques, et de limiter leurs émissions d’information.
"Le pouvoir s’est arrogé le droit de suspendre une chaîne de télévision grâce à une très longue liste d’interdits contenus dans cette loi. C’est une loi qui traduit la volonté du pouvoir de conserver le monopole dans ce domaine", a encore dénoncé M. Ben Khellaf.
En présentant le texte, le ministre de la Communication Abdelkader Messahel a déclaré qu’il entrait dans le cadre des promesses de plus grande démocratie faites par le président Abdelaziz Bouteflika dans son discours d’avril 2011. Ce discours avait été sa première réaction au Printemps arabe et aux émeutes sanglantes de janvier 2011 suivies de plusieurs semaines de manifestations en Algérie.
Mardi, les débats se sont focalisés sur l’article 17 qui oblige les nouvelles chaînes de télévision à diffuser des programmes spécialisés pour un public ciblé. Cet article limite également la durée des émissions d’informations, qui sera fixée dans le texte d’attribution de la licence pour les nouvelles chaînes.
La loi doit être votée le 20 janvier par les députés puis présentée au Conseil de la Nation (Sénat) avant d’être signée par le président. Mais il n’est pas certain qu’elle puisse aboutir avant la fin de la session actuelle et la présidentielle d’avril.
Il existe actuellement en Algérie cinq chaînes de télévision, sept radios nationales et 48 radios locales, toutes publiques.
Depuis plusieurs mois près d’une dizaine de chaînes de télévision privées algériennes "tolérées" diffusent leurs programmes depuis l’étranger, tout en disposant de studios et d’équipes en Algérie.
Une députée du Front de Libération national (FLN, au pouvoir), Noura Boudaoud, a vivement reproché à ces chaînes de "dépasser toutes les limites et travailler sans contrôle".
En ce qui concerne la naissance de radios privées, M. Messahel avait récemment indiqué qu’elles devraient attendre au moins trois ans faute de fréquences suffisantes.