Les Tunisiens aux urnes pour des législatives cruciales

Les Tunisiens se rendaient aux urnes dimanche pour élire leur première « Assemblée des représentants du peuple » depuis la révolution, un scrutin-clé pour la transition démocratique du pays et sous haute sécurité de crainte d’attaques jihadistes.

En octobre 2011, l’élection de l’assemblée constituante, remportée par les islamistes d’Ennahda, avait été le premier scrutin libre de l’histoire du pays mais les législatives de dimanche sont cruciales car elles doivent permettre à la Tunisie de se doter d’institutions pérennes près de quatre ans après le soulèvement qui donna le coup d’envoi au Printemps arabe.

Près de 5,3 millions d’électeurs ont de 07H00 (06H00 GMT) à 18H00 (17H00 GMT) pour choisir les 217 députés qui les représenteront pendant cinq ans et qui auront la tâche de former la majorité devant gouverner. Une présidentielle est prévue le 23 novembre.

Malgré l’heure matinale, de longues queues se sont formées devant de nombreux bureaux de vote, selon des journalistes de l’AFP. Les bureaux étaient sous forte protection policière et militaire, 80.000 hommes ayant été déployés pour assurer la sécurité.

Après avoir trempé l’index gauche dans de l’encre, une mesure destinée à éviter les votes multiples, des électeurs montraient fièrement leur doigt en échangeant des félicitations.

– Lueur d’espoir –

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Le Premier ministre, Mehdi Jomaa a salué une "journée historique", relevant que le monde avait le regard braqué sur la Tunisie, les autres pays du Printemps arabe étant pour l’essentiel plongés dans le chaos ou la répression.

"Tous les projecteurs sont braqués sur nous et la réussite de cette opération est une garantie pour l’avenir (…), une lueur d’espoir pour les jeunes dans la région", a-t-il dit.

Selon les analystes, deux partis partent favoris: Ennahda, au pouvoir de fin 2011 à début 2014, et leurs principaux détracteurs de Nidaa Tounès, une formation hétéroclite rassemblant aussi bien des anciens opposants au dictateur déchu Zine El Abidine Ben Ali que des caciques de son régime.

Le président de Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi, 87 ans, a effectué son devoir de citoyen en lançant: "J’ai voté pour la Tunisie, vive la Tunisie". Le candidat à la présidentielle et ancien Premier ministre n’a pas fait la queue, passant devant les électeurs de sa circonscription en banlieue de Tunis.

"J’ai trouvé une longue queue et c’est une chose qui me rend heureux et montre que les Tunisiens sont très attachés à la démocratie", a déclaré pour sa part Rached Ghannouchi, chef historique d’Ennahda, qui a, lui, longtemps attendu pour voter.

La campagne électorale a été atone, nombre de Tunisiens se disant désabusés par les batailles politiciennes qui ont conduit ce scrutin, prévu à l’origine pour octobre 2012, à être retardé de deux ans. La participation est dès lors l’une des inconnues de ce scrutin.

Les partis ont pour l’essentiel axé leurs programmes sur deux grands thèmes: la sécurité, la Tunisie étant confrontée à l’essor de groupes jihadistes depuis la révolution, et l’économie qui reste anémique et gangrénée par le chômage et la misère, facteurs-clés du soulèvement de 2011.

Si la Tunisie fait figure de dernier espoir de transition démocratique réussie dans les pays du Printemps arabe, les autorités craignent que des groupes jihadistes ne lancent des attaques pour faire échouer le scrutin. Des accrochages avec des jihadistes ont fait depuis 2011 des dizaines de morts dans les rangs de l’armée et de la police.

– Pas de majorité –

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L’instance organisant les élections (ISIE) a précisé qu’elle ne serait probablement pas en mesure d’annoncer les résultats dans la nuit de dimanche à lundi. Elle a jusqu’au 30 octobre pour faire état de la composition du nouveau Parlement.

Mais le mode de scrutin — la proportionnelle au plus fort reste– favorisant les petites formations, les principales forces politiques ont d’ores et déjà souligné qu’aucun parti n’aurait de majorité pour gouverner seul.

Ennahda, qui a dû quitter le pouvoir début 2014 à l’issue d’une année 2013 marquée par une crise politique, l’assassinat de deux opposants aux islamistes et des attaques jihadistes, dit vouloir former un cabinet consensuel, se disant même prêt à une alliance de circonstance avec Nidaa Tounès.

Le grand parti séculier, qui se pose en unique alternative à Ennahda et le qualifie régulièrement de parti obscurantiste, prévoit en cas de victoire de former une coalition avec des formations idéologiquement proches.

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