Macron, Boulevard de l’Elysée !

Avant même de se déclarer candidat, Emmanuel Macron doit savourer son plaisir, celui de voir se dérouler devant lui un grand boulevard pour un second mandat. Les sondages installent cette impression et l’ambiance générale la confirme.

Si sur de sa prochaine victoire qu’une partie de son équipe ministérielle commence déjà à crier victoire et à se projeter dans le second mandat. Attitude triomphaliste qui a poussé le président Macron à recadrer son équipe et à lui intimer l’ordre de tempérer sa joie, sous le thème que « rien n’est joué. La campagne n’est pas encore lancée. Tout est possible ».

Mais cet argumentaire n’est ni plus ni moins qu’un élément de langage destiné sinon à sauver les apparences du jeu démocratique du moins à dissuader un possible pic d’abstention. Mais la réalité le théâtre politique français offre une énorme opportunité de reconduction. Non pas que le bilan d’Emmanuel Macron soit irréprochable, sa gestion de la crise du Covid et son impact social peuvent être à la fois un atout et un handicap, mais parce sur la concurrence offre un leadership limité, voire inoffensif.

Une gauche éparpillée 

D’abord à gauche, la division et la paralysie sont les atouts maître. Le seul qui émerge dans le sondages est le chef des Insoumis Jean Luc  Mélenchon. Un homme connu pour ses positions parfois clivantes.. Il vient d’être adoubé pour la première fois  par une personnalité du sérail socialiste comme Ségolène Royal. Cette posture a provoqué un grand frisson dans cette galaxie de gauche où la plupart des candidats, socialiste, communiste et écologique peinent à atteindre une popularité à deux chiffres. Pour Macron, cette gauche là est condamnée à être une force d’appoint pour le second tour.

A droite , au sein des Républicains, la douche est froide et annonce des lendemains qui déchantent. Le dernier meeting de Valérie Pécresse a été un double ratage. D’abord au niveau de la forme où la candidate LR s’est montrée une oratrice médiocre. Son incapacité à habiter la fonction et à enflammer les foules était manifeste. Ensuite sur le fond. Le recours à une sémiotique de l’extrême droite sur « le grand remplacement » et « les Français de papiers » ont jeté le trouble jusqu’à des les rangs du Parti.

Une droite déchirée

Les Français ont redécouvert le schisme qui traverse cette famille politique entre la ligne incarnée par Éric Ciotti, compatible avec les thèses de l’extrême droite, et la ligne Xavier Bertrand qui considère tout rapprochement, tout emprunt à cette droite extrême comme un suicide politique.

L’étoile de Valérie Pécresse qui brillait avant ce meeting comme une sérieuse challenger de Macron a chuté dans les sondages au point d’interroger sa capacité à se qualifier au second tour.

Enfin il y a l’extrême droite avec sa double direction incarnée par Éric Zemmour et Marine Le Pen. Les deux formations sont en train de se cannibaliser avec une telle violence qu’il serait difficile de pouvoir les réunir en cas de besoin au second tour sur le nom de l’un ou deux l’autre.

Une des stratégies d’Eric Zemmour est de jeter son dévolu sur les ressources humaines de Marine Le Pen et de la dépouiller de tous ses atouts. Marine Le Pen dont c’est probablement la dernière campagne ne fera aucun cadeau à celui qui veut l’éjecter avec détermination de la scène politique française. Sa vengeance sera certainement qu’Éric Zemmour puisse revenir à ses chroniques médiatiques.

Devant une telle situation, Emmanuel Macron paraît marcher sur du velours, lorsqu’il décidera de se prononcer. Sauf accident de l’histoire, l’actuel locataire de l’Élysée est donné gagnant par les sondages dans toutes les hypothèses.

Son vrai défi n’est pas de conserver les clefs du palais de l’Élysée mais de conserver une majorité parlementaire. Car s’il est dit que Macron est actuellement  à la fois meilleur et incontournable pour sa propre succession, il n’est pas certain que les élections législatives qui suivront après les présidentielles ne puissent servir de caisses de résonances aux frustrations locales.

Les résultats pourraient, comme le craignent beaucoup, priver Macron d’une majorité confortable qui l’avait aidé à gérer paisiblement son premier mandat. De mauvaises performances législatives pourraient l’obliger à envisager une logique de composition et de compromis avec d’autres forces politiques. Un exercice inédit imposé pour lui.

 

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