La visite de cette délégation, venue engager une médiation entre le régime et l’opposition, intervient alors que 27 personnes, dont onze militaires, ont été tuées mercredi en Syrie, où la répression a fait depuis mi-mars plus de 3.000 morts, en grande majorité des civils, selon l’ONU.
Le ministre qatari des Affaires étrangères cheikh Hamad ben Jassem s’est félicité de la réunion entre le président Assad et une délégation de la Ligue arabe.
"La rencontre avec le président Assad était franche et amicale et nous allons poursuivre la réunion le 30 octobre", a affirmé cheikh Hamad, à la tête de la délégation, cité par la télévision publique syrienne.
"Nous avons perçu l’attachement du gouvernement syrien à oeuvrer avec la Commission arabe pour parvenir à une solution" à la crise en Syrie, a ajouté cheikh Hamad, également Premier ministre du riche Etat du Golfe.
La télévision a indiqué auparavant qu’"une ambiance positive avait régné lors de cette rencontre".
La Ligue arabe avait appelé le 16 octobre à la tenue d’une "conférence de dialogue national" pour mettre fin aux violences et "éviter une intervention étrangère".
De son cô té, Burhan Ghalioun, président du Conseil national syrien (CNS) qui réunit la quasi-totalité des courants de l’opposition, a appelé la communauté internationale à "protéger le peuple syrien" de la répression menée par le régime de Damas, dans un entretien avec la chaîne qatarie al-Jazira.
"Protéger les peuples qui font l’objet de crimes contre l’humanité est une obligation de la communauté internationale. Celle-ci doit protéger le peuple syrien des massacres quotidiens".
M. Ghalioun a en outre plaidé en faveur de l’envoi d’"observateurs internationaux en Syrie pour faire cesser l’usage de la violence par le régime (…) après huit mois de massacres organisés et systématiques".
L’ambassadeur américain en Syrie Robert Ford, qui a brusquement quitté le pays en raison de menaces pour sa sécurité, espère pouvoir retourner à Damas avant la fin du mois de novembre, a indiqué mercredi le département d’Etat.
L’organisation Human Rights Watch (HRW) a elle appelé la Ligue arabe à demander au gouvernement d’autoriser l’envoi d’observateurs indépendants sur le terrain..
A l’occasion de la visite de la Commission arabe, des manifestations appelant à la chute du régime ont eu lieu dans la province d’Idleb (nord-ouest), à Hamourié (près de Damas), à Hama (centre), dans le quartier de Kafar Soussé à Damas et à Deraa (sud), selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et les Comités locaux de coordination (LCC) qui animent les protestations sur le terrain.
Parallèlement, des dizaines de milliers de Syriens, agitant des drapeaux et des portraits du président Assad, se sont rassemblés sur la place des Omeyyades, en plein coeur de Damas, pour affirmer leur soutien au régime. "Le peuple veut Bachar al-Assad", scandaient-ils.
Selon l’agence officielle Sana, le rassemblement a réuni "plus d’un million de Syriens" sous le slogan: "Vive la patrie et le chef de la patrie, le peuple syrien est une seule famille".
Dans le même temps, une grève était suivie dans une partie du pays. L’opposition avait appelé sur les réseaux sociaux à une grève générale mercredi, affirmant qu’elle n’accepterait "rien de moins que la démission" du président Assad "et sa traduction en justice".
Le CNS avait invité "toutes les catégories du peuple" à se joindre à ce mouvement "en prélude à des grèves plus générales et à la désobéissance civile qui sera à même de renverser le régime".
"La grève a été entièrement suivie dans plusieurs régions dont Deraa, dans les quartiers Qaboune et Barzé à Damas, dans plusieurs localités des provinces de Damas, d’Idleb, de Hama et de Homs", ont affirmé les LCC dans un communiqué accompagné de vidéos montrant des rues désertes et des magasins fermés.
La journée de mercredi a également été marquée par de nouvelles violences qui ont fait vingt sept morts.
"Onze militaires, dont un officier de l’armée régulière syrienne, ont été tués par une roquette tirée par des hommes armés, probablement des déserteurs", a indiqué l’OSDH, en précisant que les soldats se trouvaient "à bord d’un véhicule dans le village al-Hamrat", dans la région de Hama, au moment de l’attaque.
Six soldats ont été blessés lors "d’affrontements violents" entre l’armée et des déserteurs présumés, près de Maaret al-Noman, dans le gouvernorat d’Idleb, selon l’OSDH.
Treize civils, dont un bébé et deux enfants, ont été tués par des tirs des forces de sécurité: neuf dans la région de Homs, un des fiefs de la contestation, deux à Saraqeb dans la région d’Idleb, un à Abou Kamal (est) et un à Douma près de Damas.
Trois employés d’une filature de textile ont été tués à bord d’une voiture à Homs par les tirs d’inconnus, a ajouté l’OSDH.