Un bagagiste « suicidaire » vole un avion vide et s’écrase dans la baie de Seattle

Un bagagiste de 29 ans qui s’est décrit comme un homme « brisé » a volé un bimoteur vide vendredi soir à l’aéroport de Seattle et effectué quelques figures acrobatiques sous l’oeil vigilant de deux F-15 militaires, avant de mourir en s’écrasant dans la baie de Seattle.

La police a rapidement écarté tout caractère "terroriste", assurant que cet employé de la compagnie Horizon Air avait des tendances "suicidaires" et avait agi seul.

Lors d’une conférence de presse samedi, le directeur des opérations de l’aéroport de Seattle-Tacoma, Mike Ehl, a assuré qu’il n’y avait eu "aucune violation" de la sécurité des installations.

Brad Tilden, directeur général d’Alaska Airlines, maison mère d’Horizon Air, a ainsi indiqué qu’en tant que bagagiste, l’homme "était autorisé à se trouver dans la zone" où était garé l’appareil.

Le dirigeant a rappelé que les appareils de ligne n’étaient pas équipés de serrures et ne nécessitaient pas de clef de contact pour être démarrés, contrairement aux automobiles.

Au lendemain de l’incident, pas plus son employeur que les enquêteurs ne semblaient en mesure d’expliquer comment cet homme qui n’a aucune expérience de pilotage connue est parvenu à faire décoller le bimoteur à hélices Bombardier Q400 d’une capacité de 90 places et à lui faire ensuite effectuer des manoeuvres d’une grande difficulté technique.

"A notre connaissance, il n’avait pas de licence de pilote", a indiqué Gary Beck, directeur général d’Horizon Air.

"Tous les avions de ligne sont des machines complexes, (…) donc je ne sais pas comment il a acquis l’expérience qu’il avait", a-t-il ajouté lors du point de presse, refusant de donner le nom du pilote, qui s’est envolé vers 19H30 vendredi soir.

Une vidéo amateur circulant sur les réseaux sociaux montre l’appareil effectuer un lent tonneau sur lui-même, puis un looping qui s’achève au ras de l’eau avant de se redresser. Le tout sous la surveillance étroite de deux F-15 militaires arrivés très rapidement sur place.

La vidéo ne montre pas en revanche le crash de l’avion dans un bois de l’île de Ketron, dans la baie de Seattle, qui, selon les autorités, n’a pas fait de victimes.

John Waldron, qui a tourné la vidéo, a expliqué à la chaîne CNN qu’il se promenait sur l’île de Ketron lorsqu’il a vu les deux jets militaires escorter le bimoteur: "j’ai commencé à filmer, parce que c’était assez bizarre".

"C’est incroyable qu’il ait pu redresser l’appareil", s’est étonné John Waldron qui juge qu’au plus bas l’avion s’est retrouvé à "pas plus de 30 mètres de la surface de l’eau", avant de se redresser.

L’avion s’est ensuite dirigé vers l’île de Ketron où John Waldron a couru se mettre à couvert et arrêté de filmer.

"Quand je me suis retourné, j’ai vu un éclair de lumière, puis la fumée et j’ai pensé +oh mon Dieu, je crois qu’il vient de s’écraser+", a expliqué John Waldron.

Un enregistrement audio entre le pirate, identifié comme "Rich" ou "Richard", et la tour de contrôle brosse un portrait complexe du jeune homme, tour à tour surexcité, confus, calme et honnête.

Il dit d’abord avoir mis assez de carburant "pour aller voir les montagnes olympiques", situées dans l’Etat de Washington près de la frontière canadienne, avant de s’inquiéter du fait que le carburant ait été consommé "plus vite que je ne pensais".

Alors que la tour de contrôle tente de le convaincre avec ménagement d’atterrir sur une base militaire voisine, il craint que les militaires ne lui fassent "passer un mauvais quart d’heure".

Le bagagiste se confie ensuite: "Il y a beaucoup de gens qui se soucient de moi. Ça va les décevoir de savoir que j’ai fait ça. Je voudrais m’excuser auprès de chacun d’eux. (Je suis) juste un mec brisé, j’ai quelques boulons mal vissés, j’imagine. Je ne l’avais jamais vraiment su, jusqu’à maintenant".

Outre ses aptitudes de pilote, se pose également la question des conditions dans lesquelles l’homme a pu décoller sur l’une des trois pistes du neuvième aéroport le plus fréquenté des Etats-Unis, bien que n’ayant pas reçu d’autorisation de la tour de contrôle.

Interrogé sur le sujet samedi, Mike Ehl a indiqué ne pas avoir encore en sa possession les éléments pour répondre.

L’avion volé avait aussitôt été pris en chasse par deux F-15 de l’armée de l’air américaine venus de la base aérienne de Portland, dans l’Etat voisin d’Oregon.

Les F-15 ont encadré l’avion, mais ne sont pas intervenus dans l’accident, ont indiqué les services de police locaux.

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