Municipales à Barcelone : Manuel Valls annonce sa décision
Fin du suspense. L’ex-Premier ministre dira en fin d’après-midi s’il est candidat aux municipales dans la deuxième ville espagnole.
« Il m’en a parlé. Il m’a dit que c’était un choix de vie. Il en est heureux. Il est engagé dans cette candidature, il s’y prépare, il y travaille », a dit Aquilino Morelle, ami de l’ancien Premier ministre socialiste et ancien conseiller du président François Hollande. « Ce challenge, je pense qu’il va le relever. S’il réussit, cela montrera que l’Europe fait sens aujourd’hui », a confirmé Sébastien Gros, un autre ami de l’ancien maire d’Évry (Essonne).
Vendredi matin, l’ex-candidat à la primaire socialiste avait posté sur Twitter un message que beaucoup considèrent comme un indice.
Équipe de campagne
Né à Barcelone en 1962 d’un père catalan et d’une mère suisse italienne, Manuel Valls a grandi à Paris et a été naturalisé français à 20 ans. Mais l’ancien Premier ministre français (2014-2016), fervent supporter du Barça, aime rappeler ses racines catalanes et s’est pleinement impliqué depuis l’an dernier dans le débat en Catalogne pour y dénoncer le séparatisme. Barcelone doit « parler avec le monde » et ne pas s’enfermer dans le « nationalisme », disait-il encore début septembre à Barcelone, où il a récemment multiplié les apparitions et où il donne des cours au sein de la prestigieuse école de commerce ESADE.
Manuel Valls, qui commence à constituer son équipe de campagne, s’est déjà entouré, selon ses proches, de l’éminent consultant politique Xavier Roig, ancien bras droit du maire socialiste de Barcelone Pasqual Maragall. Mais, en se lançant à l’assaut de la mairie de sa ville natale face à l’actuelle maire de gauche Ada Colau, Manuel Valls, qui souhaite mener une candidature allant au-delà d’un seul parti, tente un pari risqué. Cela ne sera « pas facile », souligne Oriol Bartomeus, professeur de sciences politiques à l’Université autonome de Barcelone. « C’est un candidat qui va beaucoup diviser. Il y a des gens qui le voient d’un bon œil et d’autres qui le haïssent. » « Il ne va pas à une élection facile, c’est un vrai combat politique. Il a envie de prendre un risque », abonde Aquilino Morelle. Mais « il a sa chance », juge Oriol Bartomeus, car il peut profiter de l’absence d’un « candidat traditionnel des classes aisées barcelonaises », dont « l’électorat de centre droit est orphelin ».
La presse espagnole s’est fait l’écho ces dernières semaines d’une relation amoureuse présumée entre l’ancien Premier ministre et Susana Gallardo, riche héritière d’un laboratoire pharmaceutique. « Ce sont des gens (Gallardo et sa famille, NDLR) très bien connectés avec l’élite économique de Barcelone et qui peuvent lui ouvrir des portes », souligne Oriol Bartomeus.
Appels à la démission en France
En France, la probable candidature de Manuel Valls a entraîné des appels à la démission alors que, selon l’association Regards citoyens, il n’a pas été vu à l’Assemblée depuis début juillet. « On ne peut pas être élu de la République française et en même temps mener une campagne à Barcelone », a notamment estimé la chef de file des députés socialistes à la chambre basse, Valérie Rabault.
Interrogé par l’AFP, l’ancien conseiller de M. Valls, Harold Hauzy, a rappelé l’engagement de l’ancien Premier ministre en faveur du non-cumul des mandats, et dit avoir « peu de doutes sur sa décision dès lors qu’il aura fait son choix sur la candidature ». Natif de Barcelone, Manuel Valls maintient le suspense depuis des mois, mais plusieurs de ses proches ont confirmé son intention de se présenter dans la métropole catalane.