Miss France 2021: une élection ternie par des tweets antisémites contre sa première dauphine

Amandine Petit, Miss Normandie, a été élue Miss France 2021 dimanche au Puy-du-Fou en Vendée, un évènement marquant le centenaire des concours de beauté en France terni par des tweets antisémites visant sa première dauphine qui ont indigné la classe politique.

Contrairement à l’habitude, la nouvelle Miss France a été élue sans public en raison du contexte sanitaire. Blonde aux yeux bleus âgée de 23 ans, Amandine Petit est étudiante en Master 2 à Caen avec l’objectif de devenir « directrice d’établissement de santé ». Elle a été choisie parmi 29 candidates de 18 à 24 ans pour succéder à Clémence Botino (Miss Guadeloupe 2019), Miss France 2020.

La première dauphine d’Amandine Petit est Miss Provence, April Benayoum, et sa deuxième dauphine est Miss Côte-d’Azur, Lara Gautier.

L’élection au poste de première dauphine d’April Benayoum a suscité de nombreux commentaires antisémites sur les réseaux sociaux après avoir révélé que son père était d’origine israélienne, déclenchant de vives réactions de la classe politique.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est dit « profondément choqué » et a affirmé que « les services de police et de gendarmerie sont mobilisés » tandis que la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a indiqué qu’elle adressait au procureur un signalement sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale, qui impose à toute autorité publique de signaler une infraction dont elle a connaissance.

Renaud Muselier, président LR de la région Paca, où vit April Benayoum, a déploré une « abomination », soulignant que la jeune femme est « française, d’origine italienne et israélienne, provençale, du sud » et « représente parfaitement notre région et notre pays ».

« Rendez-vous devant la justice pour les twittos qui hier soir ont transformé Twitter en cloaque antisémite contre Miss Provence », a promis de son côté la Licra, en envisageant « une action de groupe ». L’union des étudiants juifs de France (UEJF) a elle dénoncé « un concours d’antisémitisme ».

Interrogée dimanche sur BFMTV, la nouvelle Miss France a jugé « extrêmement décevants » ces « propos déplacés » à l’encontre de sa dauphine à laquelle elle a apporté son « soutien ».

La jeune femme avait expliqué peu après son élection en conférence de presse qu’elle entendait « montrer que la femme actuelle, c’est une femme forte, une femme qui peut faire ce qu’elle a envie de faire ».

TF1, Endemol et les organisateurs de cette 91e cérémonie ont eux aussi condamné « fermement les propos haineux et antisémites proférés » sur les réseaux sociaux

 Audience record

 

Parmi les plus anciens au monde, le premier concours de beauté français a été créé en 1920 par le journaliste Maurice de Waleffe. La comédienne et danseuse Agnès Souret, originaire de Bayonne, a été la première à remporter le titre de « plus belle femme de France ». Ce n’est qu’en 1928 que le concours a été baptisé « Miss France ».

Tradition oblige, l’animateur vedette, Jean-Pierre Foucault, 73 ans, animait la cérémonie pour la 26e fois. Le jury 2021 était composé uniquement d’ex-Miss.

Avec 8,6 millions de téléspectateurs, TF1 a réalisé une part d’audience de 41,5% en moyenne sur l’émission, la meilleure audience pour ce programme depuis 2006, selon la chaîne. Les téléspectateurs ont été jusqu’à 10,4 millions à regarder la cérémonie à un moment donné. L’élection de Miss France 2020 avait réuni 7 millions de téléspectateurs.

Endemol, une société de production, a racheté le concours Miss France à la famille de Fontenay en 2002. Figure emblématique de ces concours de beauté, Geneviève de Fontenay, 88 ans, était absente samedi soir, estimant qu’il s’agissait d’un « faux centenaire ». « C’est en 1927 qu’a eu lieu le premier concours Miss France à la demande à l’époque de Miss Univers », avait expliqué à l’AFP Mme de Fontenay.

Après l’élection la dame au chapeau a néanmoins accordé un bon point aux organisateurs, estimant dans un communiqué que « les Miss étaient très élégantes dans leur maillot de bain avec la cape », et félicitant Amandine Petit pour son élection.

Centenaire ou pas, ce concours reste un anachronisme pour beaucoup de féministes. « 100 ans de sexisme, ça suffit », a ainsi lancé Fabienne El-Khouri, l’une des porte-parole d’Osez le féminisme. L’association voit dans cette élection « un concours sexiste et ringard », réduisant les femmes à un rôle de « potiche ».

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