Centrafrique: la coalition de l’opposition « exige » le report des élections du 27 décembre
La coalition de l’opposition en Centrafrique a exigé dimanche le report des élections présidentielle et législatives du 27 décembre, après que le gouvernement a dénoncé une tentative de coup d’Etat par l’ex-chef d’Etat François Bozizé, démentie par son parti.
La Coalition de l’opposition démocratique (COD-2020), dont l’ancien président François Bozizé était le chef de file jusqu’à récemment, « exige le report des élections (…) jusqu’au rétablissement de la paix et de la sécurité » dans un communiqué publié dimanche.
La coalition, qui regroupe les plus importants partis et mouvements de l’opposition au président sortant et favori du scrutin Faustin Archange Touadéra, exige aussi « la convocation sans délai » des « forces vives de la Nation ».
Pour le président Touadéra, en meeting samedi à Bangui, ces événements n’empêcheront pas le déroulement du scrutin car « l’Autorité nationale des élections et la Cour constitutionnelle ont assuré que les élections vont se tenir dans les temps ».
Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Centrafrique, Mankeur Ndiaye, a dans un tweet samedi voulu « rassurer » les Centrafricains: « le processus électoral va se poursuivre pacifiquement jusqu’à son terme (…) C’est un engagement que nous avons pris et nous allons le réaliser ».
François Bozizé est un habitué des coups de force. L’ancien président est arrivé au pouvoir en 2003 après un coup d’Etat, avant d’être lui-même renversé par une coalition à dominante musulmane, la Séléka, en 2013.
Le gouvernement a accusé samedi François Bozizé de « tentative de coup d’État » avec une « intention manifeste de marcher avec ses hommes sur la ville de Bangui ».
Samedi, trois des principaux groupes armés qui occupent plus des deux tiers de la Centrafrique avaient annoncé leur fusion et ce sont ceux-là que le pouvoir de M. Touadéra accuse de « marcher » sur la capitale sous les ordres de M. Bozizé.
Le parti de François Bozizé, Kwa Na Kwa (KNK), a démenti dimanche toute tentative de coup d’Etat: « Nous démentons catégoriquement que Bozizé soit à l’origine de quoi que ce soit », a déclaré à l’AFP Christian Guenebem, le porte-parole du KNK.
« Le gouvernement a toujours voulu porter atteinte à l’intégrité physique et politique de Bozizé », a-t-il poursuivi.
François Bozizé était le principal rival de M. Touadéra pour la présidentielle, mais la Cour constitutionnelle a invalidé sa candidature début décembre, estimant qu’il était sous le coup de sanctions des Nations unies en raison de son soutien présumé à des groupes armés responsables de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’Humanité ».
« Inquiète pour notre pays »
Vendredi, des sources humanitaires et de l’ONU avaient fait état d’une dégradation de la sécurité, évoquant une offensive de groupes armés, qui attaquent les axes routiers menant à Bangui, dans plusieurs localités du nord-ouest et du nord.
Plusieurs de ces groupes armés avaient fait mouvement ou s’étaient emparés de quelques villes sur les principaux axes de ravitaillement de Bangui, mais situés à des distances variant de 150 à 200 km de la capitale.
La Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca), avec plus de 11.000 Casques bleus présents sur le territoire, avait indiqué samedi soir à l’AFP que la situation n’avait pas évolué sur le terrain depuis.
A Bangui, la vie semblait suivre son cours presque normalement dimanche, avec le marché de Noël résonnant de chants religieux et des fidèles se pressant devant la cathédrale à l’heure de la messe.
Les taxis motos arpentaient les rues comme de coutume dans un habituel concert de klaxons, a constaté un journaliste de l’AFP.
Mais les habitants ne cachaient pas leur inquiétude. « Je suis inquiète pour notre pays, à cause des rebelles qui viennent, on a peur pour nos enfants », confiait Geneviève, employée dans un commerce.
Ni le gouvernement ni la Minusca n’étaient joignables dimanche pour obtenir des informations sur la situation dans le pays, notamment sur les différents fronts.
La Centrafrique a été ravagée par la guerre civile après qu’une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, a renversé François Bozizé en 2013.
Les affrontements entre Séléka et milices chrétiennes et animistes antibalaka avaient fait des milliers de morts.