Marine Le Pen reçue par le président libanais, Michel Aoun
Le président du Liban Michel Aoun a été lundi le premier chef d’Etat étranger à recevoir la candidate d’extrême droite à la présidentielle française Marine Le Pen qui cherche à gagner en crédibilité à l’international.
Le Liban est le seul pays du Moyen-Orient à être traditionnellement dirigé par un président chrétien, mais les pouvoirs du chef de l’État ont été rognés à la fin de la guerre civile (1975-1990). Le président Aoun est soutenu par le mouvement musulman chiite Hezbollah.
M. Aoun avait déjà rencontré en janvier l’ancien ministre français de l’Economie et candidat à la présidentielle Emmanuel Macron.
Depuis son arrivée à la tête du Front national en 2011, Mme Le Pen n’a rencontré que très peu de dirigeants étrangers en exercice, à l’exception en 2015 du Premier ministre égyptien de l’époque Ibrahim Mahlab et en janvier du chef de la diplomatie polonaise Witold Waszczykowski. Ce dernier avait jugé "nuisible" le projet frontiste de réforme de l’UE.
La chancelière allemande Angela Merkel a elle exclu de rencontrer Mme Le Pen, tandis que son homologue de droite espagnol Mario Rajoy a prédit une "catastrophe" en cas d’élection de la candidate d’extrême droite.
Présente en janvier dans la "Trump Tower", à New York, elle n’avait été reçue officiellement ni par Donald Trump, devenu locataire de la Maison Blanche, ni par aucun membre de son équipe.
"Resserrer les liens franco-libanais"
La visite au Liban, qui dure jusqu’à mardi, vise à muscler le profil international de Mme Le Pen, qui doit rencontrer lundi le Premier ministre Saad Hariri, un musulman sunnite, ainsi que le ministre des Affaires étrangères Gebrane Bassil, et faire une visite de Beyrouth.
Accompagnée par le député Gilbert Collard, elle a déposé dans la matinée une gerbe à la résidence de l’ambassadeur de France au Liban au pied de la stèle en l’honneur des soldats morts pour la France au Liban depuis 1975, et particulièrement les 58 militaires tués dans l’attentat visant le poste Drakkar en 1983, en pleine guerre civile. L’ambassadeur français, Emmanuel Bonne, était absent.
Mardi, Mme Le Pen doit rencontrer le moufti de Beyrouth, le patriarche maronite, et Samir Geagea, chef chrétien maronite des forces libanaises (droite chrétienne).
Celle qui a plaidé dès son arrivée pour "resserrer" les liens franco-libanais veut évoquer lors de ces rencontres la francophonie mais surtout la question des réfugiés syriens.
"Nous avons évoqué (…) l’inquiétude que nous partageons face à la très lourde crise des réfugiés", a ainsi souligné Mme Le Pen à l’issue de son entrevue avec M. Aoun.
Le Liban, qui compte quatre millions d’habitants, accueille environ un million de réfugiés syriens et doit faire face aux lourdes conséquences de la guerre qui ravage ce pays voisin depuis le soulèvement de mars 2011 contre le président syrien Bachar al-Assad.
"Ces difficultés sont surmontées par le courageux et généreux Liban mais ça ne pourra pas durer éternellement" a dit celle qui prône régulièrement l’arrêt de toute immigration et une réduction drastique du nombre de réfugiés admis en France.
La candidate d’extrême droite est actuellement donnée en tête du premier tour de la présidentielle, le 23 avril, par les enquêtes d’opinion mais battue au second tour du 7 mai.