Vendredi matin, une journaliste de l’AFP, présente dans le village de Kadji sur le territoire duquel est située l’île, a vu depuis une rive du Niger au moins deux pirogues chargées d’une vingtaine de prisonniers, tous barbus, le crâne rasé, traverser le fleuve.
Un militaire malien qui les escortait sur une des pirogues a précisé que depuis le début de l’opération jeudi, une cinquantaine de personnes ont été arrêtées, parmi lesquels figurent des étrangers, des Togolais et Burkinabè notamment.
Ces hommes "cachés dans des herbes ont été dénoncés par les villageois. On nous a dit qu’ils ont caché aussi des armes, on cherche. Ils n’ont rien dit mais vont parler", a-t-il ajouté.
Sur la rive en face de l’île, une vingtaine de villageois étaient présents, parmi lesquels de "jeunes patriotes" maliens qui aident l’armée, et dont l’opération sur Kadji est dirigée par le colonel malien touareg El Hadj Ag Gamou, selon un soldat.
"Parmi ceux qu’on a vus, il manque des gros, ceux qui ont pris les armes. On attend de voir s’ils arrivent ou s’ils ont réussi à s’échapper. Ce sont des gens qu’on connaît (…), pas des étrangers", a affirmé l’un de ces jeunes, Zoubeirou Ibrahim Maïga.
Peu auparavant, le colonel Salihou Maïga, commandant de la gendarmerie de la région de Gao, avait précisé à l’AFP qu’il n’y avait pas eu "de combats" au cours de l’opération sur l’île.
Jeudi, un officier supérieur malien avait annoncé qu’une "opération d’envergure" avait été lancée sur l’île du village de Kadji, situé à moins de dix km de Gao, la plus grande ville du nord de Mali reprise aux islamistes le 26 janvier par les armées française et malienne.
Gao a cependant été par la suite le théâtre de violences, dont des attentats-suicides, commis par des islamistes infiltrés dans la ville.
L’officier avait précisé que des forces spéciales maliennes avaient débarqué sur l’île, tandis que des soldats français se trouvaient sur une des rives du Niger qui lui fait face.
Les Français ont quitté Kadji vendredi matin tô t, selon un soldat malien.
Environ 6.000 personnes habitent Kadji, dont plusieurs centaines, adeptes d’un mouvement islamiste baptisé "Ansar Sunna" (Les fidèles de la parole de Dieu) vivent sur une île située en contrebas du village.
Des témoins avaient indiqué il y a deux semaines à l’AFP que des membres du groupe islamiste armé Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) s’y étaient réfugiés après la reprise de Gao.
Un élu avait réclamé une intervention des troupes françaises et africaines déployées dans le Nord pour détruire cette "nouvelle base" des jihadistes d’où pouvaient être menées des actions sur Gao et d’autres localités de la région.