Libye : le nouveau Moyen Âge
Des êtres humains vendus à la criée pour 450 euros comme esclaves. Plus que jamais, la question de la traite des migrants dans la région d’Alger à Tunis est posée.
Tunisie : exactions contre les domestiques subsahariennes
À Tunis, à plusieurs reprises, Raoudha Laâbidi, la présidente d’honneur du syndicat des magistrats tunisiens, a alerté sur un phénomène qui prend de l’ampleur au sein de la démocratie tunisienne : « Ces jeunes filles étrangères recrutées en tant que domestiques dans des familles tunisiennes, qui subissent des exactions incroyables ! On leur confisque leurs papiers d’identité, leurs cheveux sont coupés à ras sous prétexte de transmission de maladies. » Une méthode qui est pratiquée dans de plusieurs pays du Golfe. Et Mme Laâbidi de pointer ce qui semble le comble du chic pour certains : « Dans les hypermarchés, on croise souvent des femmes tunisiennes suivies de deux femmes de ménage de couleur. Une attitude considérée comme prestigieuse par ces femmes qui bafouent le droit au respect de la dignité humaine due à chaque personne ! »
Algérie : la chasse aux Subsahariens
À Alger, on prend moins de gants. Le pays n’a pas un évident souci de plaire à l’opinion internationale. Début octobre, certaines wilayas (régions, le pays en compte 48) donnaient pour instructions aux bus et taxis collectifs de ne pas accepter les « migrants illégaux ». Traduction : les Noirs venus d’Afrique subsaharienne. La presse s’en étant emparée, les wilayas se rétractèrent. Mais le climat à l’égard des migrants est exécrable. Un racisme qui ne dit pas son nom.
Racisme des deux Nord : Europe et Afrique
Si l’Europe connaît une montée de l’extrême droite (Allemagne, Autriche, Hongrie, France…) avec les migrants comme carburant de la haine, la situation en Afrique du Nord est préoccupante et tabou. Ce sont des sujets dont on ne parle pas, c’est mauvais pour l’image. Cette courte vidéo siglée CNN a le mérite de mettre en son une réalité connue des États. Le Moyen Âge version 2017. In fine, selon des témoignages recueillis par l’OIM (Organisation internationale des migrations), des migrants préfèrent plonger dans les eaux méditerranéennes plutôt que d’être attrapés. Et de devoir retourner en Libye. L’enfer, certes. Mais une plaque tournante des mafias d’Afrique et de certains pays européens. La vie y a un prix : 400/450 euros.
Par BENOÎT DELMAS
Le Point