En effet, qu’il s’agisse de celles des enseignants ou de celles des clients – parents et élèves – d’Acadomia, elles regorgent d’informations relatives à la vie privée : "père en prison", "a fait de la prison", "est mis en examen (je ne sais pas pourquoi)", "en liberté surveillée pour affaire de pédophilie", , "enfant adopté ! Sa mère lui a fait boire de l’alcool étant bébé", " s’est teinte en blonde toute seule et n’importe comment. Elle s’est fait un piercing dans le dos de sa mère". Les fiches font également fréquemment référence à des données confidentielles concernant la santé des personnes : "hospitalisé en urgence pour une tumeur cancéreuse", "la maman a un cancer de l’utérus", "sort de chimio, cancer du poumon diagnostiqué en avril", "en grave dépression suite à une agression (viol)", "alcoolisme des parents", "a fait trois tentatives de suicide". Et, les annotations ne s’arrêtent pas là…
Insultes et accusations sans fondement
Certains commentaires portés sur les fiches franchissent allègrement la frontière de l’insulte voire de la diffamation : "seul bémol : il pue", "trop de profs ont déjà défilé chez sa saloperie de gamin", "le père est un gros con, il ne veut pas payer les cours de sa fille", "la mère est une grosse conne", "bref vraiment trop conne pour comprendre", "père pas malin du tout (voire crétin)", "mère salope". Tant et si bien que le rapporteur de la Cnil a chiffré l’occurrence des mots "conne" (212), salope (10), crétin (15) dans les fichiers de la société. En outre, y sont aussi portées, noir sur blanc, des accusations graves sans véritable fondement : "attention, problèmes attouchements père !", "s’est fait violer à Pâques par son cousin !", "Mme est raciste, homophobe c’est certain". Des faits d’autant plus graves que ces données sont jusque-là conservées sans limitation de durée ! De quoi sérieusement inquiéter les parents décidés à offrir des cours particuliers à leurs chères têtes blondes…
Selon Le Parisien/Aujourd’hui en France , le président de la Cnil, Alex Türk, a donc décidé de signaler ces infractions au parquet de Paris le 17 mai dernier. Acadomia dénonce, quant à elle, un rapport "truffé d’inexactitudes" tout en indiquant avoir aussitôt mis en oeuvre les recommandations de la Cnil, notamment sur la durée de conservation des données.