L’Egypte attend les résultats officiels du premier scrutin post-Moubarak

Les partis islamistes étaient vendredi en passe d’être officiellement proclamés vainqueurs de la première phase des élections en Egypte, s’efforçant de dissiper les inquiétudes suscitées par la perspective de leur arrivée au pouvoir.

L’annonce officielle des scores des partis en lice a été retardée car le décompte des voix s’est poursuivi jeudi "en raison du grand nombre d’électeurs ayant participé au scrutin", a expliqué le président de la Haute commission électorale, Abdel Moez Ibrahim.

La publication des résultats, attendue dans la journée, devrait confirmer les tendances déjà révélées par la presse et plusieurs partis, notamment celui des Frères musulmans "Liberté et Justice" (PLJ), crédité de 40%, et le parti salafiste Al-Nour (fondamentaliste) qui obtiendrait 20% des votes.

Ces scores préliminaires ont provoqué l’inquiétude des milieux laïques et suscité les craintes d’une partie de la communauté chrétienne copte. "Si les salafistes gagnent, nous n’aurons plus de vie", a affirmé à l’AFP Imed Andraous, un ingénieur informatique copte qui a déjà prévu d’envoyer ses enfants à l’étranger pour finir leurs études. "Mais moi je resterai", a-t-il dit.

Des responsables des Frères musulmans et des salafistes ont toutefois cherché à apaiser les craintes. "Le vainqueur de ces élections, quelle que soit son obédience politique, doit savoir que le peuple lui a confié une lourde charge dans une période critique et qu’il ne le pardonnera pas en cas d’échec", a déclaré le numéro deux des Frères musulmans Khairat al-Chater, cité par le site du PLJ.

Le porte-parole d’Al-Nour, Mohamed Nour, a quant à lui lancé un message d’apaisement aux coptes, dont le nombre dans le pays s’élève à plus de 8 millions sur plus de 80 millions d’habitants. "Toucher un cheveu de la tête d’un Copte est contraire à notre programme", a-t-il déclaré à l’AFP

Mais un autre salafiste, Hazem Abou Ismaïl, candidat déclaré à la future présidentielle sous une étiquette d’"indépendant", a estimé dans une interview télévisée que le gouvernement devrait "créer un climat pour faciliter" le port du voile par les femmes.

Les premières élections tenues dans la foulée du Printemps arabe ont vu émerger des partis islamistes en Tunisie, au Maroc et maintenant en Egypte, au détriment de formations laïques. Mais au-delà de la dimension religieuse, des analystes estiment que l’économie sera le premier défi que les islamistes devront relever une fois au pouvoir.

Un tiers seulement des 27 gouvernorats égyptiens ont été appelés aux urnes pour le moment, notamment ceux du Caire et d’Alexandrie, les deux plus grandes villes. Au total, deux tiers des 498 sièges de l’Assemblée du peuple seront pourvus à la proportionnelle de listes et le tiers restant via un scrutin uninominal à deux tours. Chaque phase du vote se déroule sur deux tours et la dernière phase des législatives doit s’achever le 11 janvier. Elle sera suivie d’élections pour la Choura (Chambre haute consultative), elles-mêmes étalées jusqu’au 11 mars.

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