Les autorités algériennes, toutes fières, ont tenu à saluer, le dimanche 23 décembre 2012, l’accord signé, sous son égide, SVP et selon le communiqué officiel, entre le MNLA et Ansar Dine.
Un accord, signé à Alger le vendredi 21 décembre 2012, qui selon ces mêmes autorités serait un grand pas en avant dans la recherche d’un règlement politique de la crise malienne.
Se répandant sur la conclusion de cet accord, le Ministre des Affaires Etrangères algérien, Medelci, affirme, avec une désinvolture déconcertante, qui est sa grande spécialité, qu’elle est le fruit d’un effort collectif et un pas très encourageant franchi sur la voie du règlement politique de cette crise.
A noter que cet accord entre les deux groupes a été annoncé au lendemain du vote au Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 2085 approuvant notamment le déploiement d’une Mission Internationale de Soutien au Mali (MISMA).
Dans sa déclaration, le Chef de la diplomatie algérienne confirme et je cite : «l’Algérie estime que toute opération militaire au Mali doit cibler les groupes terroristes et ceux liés au crime organisé, clairement identifiés par la présente résolution du Conseil de sécurité, et répondre aux conditions de succès en termes de planification, de mobilisation des moyens, d’expertise et de protection de la population civile.»
Toutefois, les évènements qui ont suivi cette déclaration d’un haut responsable algérien, qui plus est en charge de la diplomatie, donnent à réfléchir sur les véritables intentions de l’Algérie dans la région sahélo-saharienne et, tout particulièrement au Mali.
En effet, les islamistes armés d’Ansar Dine, signataires de cet accord, alliés d’AQMI et qui occupent la ville de Tombouctou, ont décidé ce même dimanche 23 décembre 2012, de détruire les derniers mausolées qui avaient jusqu’alors été épargnés.
Un crime culturel, civilisationnel et cultuel confirmé par l’un de leur chef Abou Dardar mais aussi par Mohamed Alfoul, qui se présente comme un membre d’AQMI à Tombouctou.
Pour mémoire, ces mausolées en terre se trouvent dans l’enceinte de la plus Grande Mosquée de la ville classée patrimoine mondial, aujourd’hui en péril
A rappeler que ces destructions sont commises trois jours après l’adoption par le Conseil de Sécurité de l’ONU d’une résolution autorisant le déploiement, par étapes et sous condition, d’une force internationale pour reconquérir le Nord du Mali, au mieux à partir de septembre 2013, mais aussi après que, comble de l’horreur, des islamistes du MUJAO, qui occupent Gao au Nord-Est du Mali, aient amputé la main de deux voleurs présumés, promettant bientôt de nouvelles amputations.
Aussi, la question triviale qui se pose est : à qui sert cet accord signé à Alger dont s’ennorguellissent les autorités algériennes ?
Pour répondre à cette question, je dirais simplement que l’intervention militaire au Mali est inévitable.
Une intervention armée qui ne sera pas dirigée contre le MNLA, dont les combattants sont sans idéal et ne constituent qu’un pion de l’Algérie, car insifignant sur l’échiquier, mais plutôt contre AQMI, le MUJAO, le polisario, les trafiquants et les terroristes qui entretiennent la psychose pour garder leur mainmise sur le désert afin d’y continuer leurs activités, à l’encontre du monde entier.
Toutefois, la grande inconnue d’une telle intervention militaire réside dans la réaction des responsables algériens qui perdraient leur pion dans la région, à savoir le MNLA, et verrait le conflit se déplacer dans son désert saharien riche en hydrocarbure avec la venue massive de terroristes islamistes bien équipés et dont ils sont les parrains.
Un scénario que l’Algérie redoute. Voir des terroristes islamistes qu’elle a soutenus, MUJAO, AQMI et Ansar Dine ainsi que le mouvement autonomiste MNLA, lui échapper dans l’hypothèse d’une stratégie de repli de ces mouvements en territoire algérien pour semer le chaos et la destabiliser n’est pas dans ses plans.
C’est pourquoi, Alger cherche par tous les moyens à donner l’extrême onction à son voisin du Sud qu’est le Mali afin d’avoir la main mise dans toute la région sahélo-saharienne et imposer son diktat à tous ses voisins du Sud et occuper les groupes terroristes islamistes en dehors de son territoire.
Je conclurai mon propos en disant les autorités algériennes n’ont pas lu François Mauriac qui, en le paraphrasant, dit : « le Mali appartient à cette espèce de moribonds que l’extrême-onction ressucite.»
Farid Mnebhi.