John Kerry, un diplomate bientôt aux commandes du département d’Etat

Francophone et francophile, John Kerry va diriger la politique internationale américaine, un pays qui, sous la présidence de Barack Obama, est avant tout préoccupé par sa relation avec l’Asie.

John Kerry, un diplomate bientôt aux commandes du département d
Le sénateur américain John Kerry s’apprête à prendre les rênes du département d’Etat, une consécration pour celui qui se targue d’avoir "la diplomatie dans le sang", un héros du Vietnam devenu un sceptique de l’interventionnisme et un as de la politique.

Le candidat démocrate à la présidentielle de 2004 a été choisi il y a un mois par le président Barack Obama pour remplacer Hillary Clinton. Sa nomination doit être entérinée par le Sénat, en principe mardi.

Agé de 69 ans, dont 29 passées au Sénat, ce vieux routier des arcanes du pouvoir a facilement passé son grand oral jeudi devant la commission de Affaires étrangères du Sénat, celle-là même qu’il a présidée pendant quatre ans jusqu’à ces dernier jours.

Devant ses pairs qui l’ont couvert d’éloges, ce fils de diplomate, diplô mé de Yale, s’est vanté d’avoir "le Sénat et la diplomatie dans le sang" en leur dévoilant sa feuille de route, de l’Iran à la Chine en passant par le dossier israélo-palestinien et le changement climatique.

"Peu de personnes connaissent autant de présidents ou de Premiers ministres et ont une telle maîtrise de la politique étrangère", avait loué le président Obama en le nommant le 21 décembre secrétaire d’Etat.

De fait, "c’est comme si John Kerry était tout droit sorti des portraits (des secrétaires d’Etat) qui ornent le septième étage du ministère des Affaires étrangères à Washington. Il s’y prépare depuis des décennies", confirme l’ambassadeur Martin Indyk, de la Brookings Institution.

Mais il prédit un changement de style au département d’Etat après Hillary Clinton, "la secrétaire d’Etat rock star" comme l’a surnommée le New York Times, adulée parfois comme une célébrité et que le tout-Washington donne candidate à la présidentielle de 2016.

Des diplomates américains murmurent d’ailleurs être plutô t contents d’être bientô t dirigés par un des leurs, critiquant en creux l’inflexion parfois "people" de la fin de mandat de Mme Clinton.

Blessé et décoré au Vietnam

M. Kerry "voudra être beaucoup plus engagé dans les négociations diplomatiques essentielles", pense M. Indyk.

Plusieurs experts relèvent que la secrétaire d’Etat sortante a promu avec loyauté une politique étrangère pensée et orchestrée depuis la Maison Blanche, lui laissant peu de marge de manoeuvre.

"Hillary Clinton a fait un boulot fantastique en reconstruisant l’image de l’Amérique dans le monde et le secrétaire d’Etat Kerry pourra contribuer à façonner l’ordre mondial émergent voulu par le président", analyse encore l’ambassadeur Indyk.

La diplomatie de M. Obama tourne autour de la stratégie du "pivot", un rééquilibrage américain vers les pays émergents, surtout vers l’Asie.

Devant le Sénat, M. Kerry a prévenu que "la politique étrangère américaine ne se défini(ssait) pas seulement par les confrontations, les drones et les soldats".

Comme son homologue Chuck Hagel, nommé à la tête du Pentagone, M. Kerry ne goûte guère l’interventionnisme militaire américain à tout crin, comme ce fut le cas sous la présidence de George W. Bush.

Les deux hommes suivent la ligne Obama marquée par le désengagement. Les Etats-Unis se sont retirés d’Irak, s’apprêtent à le faire d’Afghanistan et refusent d’intervenir en Syrie ou au Mali.

Un responsable français à Washington se félicite toutefois du "niveau de connaissance que M. Kerry a de la situation au Mali" et assure qu’"il voudra travailler" avec Paris sur cette guerre.

Après avoir été blessé et décoré au Vietnam, M. Kerry était devenu un militant pacifiste, se faisant connaître en 1971 pour avoir lancé devant la commission des Affaires étrangères du Sénat "Comment peut-on demander à un homme d’être le dernier à mourir pour une erreur?".

M. Kerry fera-t-il "un bon secrétaire d’Etat?", s’interroge l’expert Aaron David Miller: "C’est surtout une affaire de chance. Etre au bon endroit, au bon moment".

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