Jair Bolsonaro président, virage à l’extrême droite pour le Brésil

Le plus grand pays d’Amérique Latine a basculé dans l’extrême droite avec l’élection facile dimanche du très controversé Jair Bolsonaro, qui a promis de « changer le destin du Brésil ».

Au terme d’une campagne tendue et extrêmement polarisée, Bolsonaro a été élu avec près de 58 millions de voix, soit 55,13 % des suffrages, contre 44,87 % pour son adversaire de gauche Fernando Haddad.

Lors de son premier discours de président élu, dimanche soir, il a promis de « changer le destin du Brésil ». « Nous ne pouvons plus continuer à flirter avec le socialisme, le communisme, le populisme de gauche », a affirmé ce chantre de la dictature militaire (1964-1985), qui prendra ses fonctions pour un mandat de quatre ans en janvier.

Des feux d’artifice ont été tirés sur la plage de Barra da Tijuca, où des dizaines de milliers de partisans de Bolsonaro étaient rassemblés devant son domicile pour célébrer sa victoire. « Nous sommes le peuple indigné, exaspéré par la violence et la corruption. Le peuple a parlé. C’est la première fois que je me sens représenté », s’est exclamé André Luiz Lobo, chef d’entreprise noir de 38 ans.

Dans son premier discours après l’annonce des résultats, Fernando Haddad n’a pas félicité le vainqueur et a demandé que ses « 45 millions d’électeurs soient respectés ». « Les droits civiques, politiques, du travail et sociaux sont en jeu maintenant », a-t-il dit. « Nous avons la responsabilité de représenter une opposition qui place les intérêts de la nation au-dessus de tout. »

Entouré de sa troisième épouse, Michelle, et d’un pasteur évangélique, Jair Bolsonaro a promis que son gouvernement « défendra[it] la Constitution, la démocratie, la liberté ». « Ceci n’est ni la promesse d’un parti ni la parole vaine d’un homme, mais c’est un serment devant Dieu », a-t-il poursuivi, répondant ainsi à ses détracteurs qui le voient comme une menace pour la démocratie.

Le très impopulaire président sortant Michel Temer a salué la victoire de son successeur, annonçant que la transition entre les deux gouvernements débuterait dès lundi. « Je viens de féliciter le président élu Jair Bolsonaro, j’ai pu percevoir son enthousiasme, non seulement quand il m’a parlé, mais aussi lorsqu’il a fait ses déclarations en faveur de l’unité du pays, de la pacification du pays, de l’harmonie du pays », a déclaré M. Temer depuis sa résidence officielle à Brasilia.

Parfois surnommé le « Trump tropical », Jair Bolsonaro a déclaré sur Twitter quelques heures après l’annonce des résultats avoir « reçu un appel du président américain, qui l’a félicité pour cette élection historique ».

Dans un Brésil miné par une violence record, le marasme économique, une corruption endémique et une crise de confiance aiguë dans la classe politique, l’ancien parachutiste a réussi à s’imposer comme l’homme à poigne dont le Brésil aurait besoin.

Défenseur de la famille traditionnelle, il a reçu le soutien crucial des puissantes églises évangéliques et a indigné, par ses déclarations outrancières, une bonne partie des Noirs, des femmes et des membres de la communauté LGBT. La campagne a été alimentée par des discours de haine et émaillée de violences, Jair Bolsonaro lui-même ayant été victime d’un attentat à l’arme blanche qui a failli lui coûter la vie, le 6 septembre.

Même si Jair Bolsonaro a promis d’être « esclave de la Constitution », Tomaz Paoliello, professeur de relations internationales à l’université catholique PUC de Sao Paulo, considère que son élection présente « de gros risques pour la démocratie ». L’ONG Human Rights Watch a lancé dimanche soir un « appel urgent à protéger » la démocratie brésilienne. Marcio Coimbra, de l’Université presbytérienne Mackenzie, considère en revanche que le Brésil dispose des garde-fous solides avec « un parquet fort, une Cour suprême forte et un Congrès qui fonctionne ».

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite