France: le taux de chômage baisse mais la crise de l’emploi est bien là

Le chômage en France a diminué au deuxième trimestre, une baisse en « trompe l’oeil » liée au confinement qui a empêché des personne de chercher un emploi, mais la crise est bien là, avec notamment une chute du nombre d’heures travaillées, selon l’Insee

Le taux de chômage en France a diminué de 0,7 point au deuxième trimestre à 7,1%, selon les chiffres publiés jeudi. Déjà au premier trimestre, le taux de chômage avait reculé de 0,3 point, à 7,8%.

Ces reculs « en trompe l’oeil » selon l’Insee, sont inhérents à la définition même du chômeur au sens du Bureau international du travail (BIT), traditionnel thermomètre mesurant le taux de chômage.

Pour être chômeur au sens du BIT, il faut avoir 15 ans ou plus, être : sans emploi pendant la semaine de référence; disponible pour travailler dans les deux semaines à venir; avoir effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi ou trouvé un emploi qui commence dans les trois mois.

Selon cet indicateur, le nombre de chômeurs a ainsi diminué de 271.000, à deux millions de personnes entre avril et juin.

Toutefois, d’autres données publiées jeudi par l’Institut de la statistique « décrivent bien l’ampleur de la crise », souligne Sylvain Larrieu, de l’Insee, citant les chutes à des niveaux record du taux d’emploi et du nombre d’heures travaillées, ou encore la hausse à une échelle inédite du « sous-emploi ».

« Le confinement a mis en inactivité forcée toute une partie de la population, que ce soit des personnes en emploi ou des personnes sans emploi », rappelle-t-il, quelques jours après que l’Insee a annoncé la destruction de plus de 600.000 emplois au premier semestre dans le secteur privé, à cause de la crise du coronavirus.

Le taux d’emploi des 15-64 ans a diminué de 1,6 point, à 64,4 %, son plus bas niveau depuis début 2017. La baisse est particulièrement marquée pour les jeunes de moins de 25 ans, de -2,9 points à 26,6%, un plus bas historique depuis que l’Insee le mesure (1975).

 ‘Déflagration massive’

Le « sous-emploi », qui concerne des personnes employées à temps partiel qui souhaiteraient travailler davantage, a bondi à 20% des personnes en emploi, soit 12 points de plus qu’au premier trimestre, « un niveau inédit » depuis que l’Insee mesure cet indicateur (1990).

Conséquence du fort recours au chômage partiel, le nombre moyen d’heures hebdomadaires travaillées par emploi a reculé de 12,9% par rapport au premier trimestre et de 18% sur un an.

Le « halo autour du chômage », soit les personnes sans emploi qui en souhaitent un mais qui ne satisfont pas tous les critères du BIT pour être considérées comme chômeurs, traduit aussi la crise: « parmi les personnes inactives au sens du BIT, 2,5 millions souhaitent un emploi », en hausse de 767.000 par rapport au premier trimestre.

La part du halo dans la population des 15-64 ans s’établit à 6% au deuxième trimestre, « son plus haut niveau » depuis que l’Insee le mesure (2003).

En prenant en compte le taux d’emploi et le halo autour du chômage, « on a un tiers de la population en situation de travailler qui est inactive, alors qu’on est traditionnellement à 11-12%. C’est une déflagration massive », commente Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Il s’attend à une hausse du taux de chômage au 3e trimestre, « s’il n’y a pas un reconfinement, avec des personnes en recherche d’emploi qui vont basculer du halo vers le chômage ».

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