Fin du procès Breivik : Le tueur d’Utoeya demande l’acquittement

Fin du procès Breivik : Le tueur d
L’extrémiste de droite Anders Behring Breivik, jugé pour la mort de 77 personnes il y a tout juste onze mois, a demandé à être acquitté vendredi, au dernier jour d’un procès dont le verdict devrait être connu le 24 août.

Sa santé mentale toujours en question

Alors que la santé mentale de Breivik était la question centrale du procès, les avocats de la défense ont plaidé pour que leur client soit reconnu sain d’esprit afin de lui éviter l’internement psychiatrique requis la veille par le Parquet. « Je ne peux pas reconnaître ma culpabilité. J’invoque le principe de nécessité (qui permet de tuer dans des circonstances exceptionnelles) car j’ai lutté pour mon peuple, ma culture et mon pays », a affirmé l’accusé dans une intervention finale d’environ trois quarts d’heure. Dans ce discours à forte tonalité idéologique, il a tour à tour évoqué « Sex and the City » et les derniers participants norvégiens à l’Eurovision, issus de l’immigration, pour déplorer la perte de valeurs morales et la montée du multiculturalisme. S’adressant aux cinq magistrats, Breivik a souligné que l’« Histoire montrera s’ils jugent un homme qui tentait d’arrêter le Mal », qui « a perpétré une petite barbarie pour arrêter une plus grande barbarie ». Avant qu’il prenne la parole, plusieurs dizaines de proches des victimes ont ostensiblement quitté la salle. La Cour venait d’entendre les témoignages déchirants de cinq personnes qui ont perdu un être cher dans les attaques du 22 juillet 2011.

Les larmes de la procureure et de certains juges

Ce jour-là, Breivik avait ouvert le feu sur des jeunes travaillistes réunis en camp d’été sur l’île d’Utoeya, faisant 69 morts, des adolescents pour la plupart. Juste avant, il avait fait exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, tuant huit autres personnes. Tirant les larmes du public, de la procureure et même de certains juges, Kirsti Loevlie a décrit la douleur de devoir ranger une dernière fois l’appartement de sa fille Hanne, morte à 30 ans dans l’attentat d’Oslo. « On dû faire des choses complètement absurdes que des parents ne devraient jamais avoir à faire. Hériter le service de table de son propre enfant, c’est fou. Graver le nom de son enfant dans un bloc de marbre, c’est aussi fou », a-t-elle dit, avant d’être applaudie. Lara Rashid, une jeune fille qui avait fui les violences en Irak avec sa famille, a aussi relaté le traumatisme d’avoir perdu sa grande soeur Bano sur Utoeya: « On partageait tout, nos vêtements, nos secrets (…) Le jour où elle est morte, je suis morte aussi ».

L’avocat omet de demander l’acquittement

Dans la matinée, la défense a demandé à la Cour de ne pas suivre le réquisitoire du Parquet qui avait préconisé jeudi l’internement psychiatrique pour l’auteur des attaques les plus meurtrières commises sur le sol norvégien depuis la Seconde Guerre mondiale. L’avocat Geir Lippestad a aussi demandé, pour la forme, l’acquittement de l’extrémiste de droite, une demande irréaliste mais incontournable dans la mesure où l’accusé plaide non-coupable, ou, à défaut, la peine de prison « la plus clémente possible ». Ce passage de la plaidoirie a donné lieu à un épisode déconcertant puisque l’avocat a omis de demander formellement l’acquittement, provoquant une vive réaction de Breivik, et ce n’est qu’en réponse à une question de la juge Wenche Elizabeth Arntzen, qu’il a finalement confirmé cette demande. En fin de journée, la juge a annoncé que le verdict tomberait le 24 août.

Internement à vie ou 21 ans de prison

S’il est reconnu pénalement irresponsable, l’extrémiste de 33 ans risque l’internement psychiatrique, potentiellement à vie. Responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourrait être prolongée tant qu’il sera jugé dangereux. Déclaré psychotique par une première expertise officielle ensuite contredite par une contre-expertise, il tient par-dessus tout à être déclaré pénalement responsable pour ne pas voir son idéologie invalidée par une pathologie mentale. Jeudi, le Parquet avait requis l’internement psychiatrique, estimant qu’il y avait suffisamment de doutes sur la santé mentale de l’accusé pour retenir l’irresponsabilité pénale.

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