Autonomie de l’Est libyen : le CNT menace de recourir à la force

Le président du Conseil national de transition (CNT) en Libye, Moustapha Abdeljalil, a menacé mercredi de recourir à la force pour empêcher toute autonomie de l’est du pays, proclamée la veille par des chefs de tribus et de milices.

Autonomie de l
«Nous ne sommes pas préparés à une division de la Libye», a dit M. Abdeljalil dans des propos diffusés par la télévision.

Appelant au dialogue ses frères de cette région baptisée Cyrénaïque, il les a mis en garde contre les «restes» du régime de Mouammar Kadhafi.

«Ils devraient savoir que des «infiltrés» et des «restes» du régime de Kadhafi tentent de les utiliser, et nous sommes prêts à les en dissuader, même par la force», a dit M. Abdeljalil.

Le chef des autorités de transition a tenu ces propos alors qu’il se trouvait à Misrata (210 km à l’est de Tripoli) pour annoncer la fin de la rédaction de la charte nationale qui, selon lui, servira de modèle à la future Constitution de la Libye.

La charte, dont le texte a été rendu public, jette les bases d’une démocratie parlementaire avec un système administratif décentralisé et promet une gestion transparente des administrations locales.

Des chefs de tribus et de milices de l’Est libyen avaient déclaré mardi à Benghazi, d’où est partie la révolte contre Mouammar Kadhafi en février 2011, l’autonomie de cette région pétrolière de l’est, disant avoir fait le choix d’un système fédéral.

Dans un communiqué conjoint, ils avaient par ailleurs fait état de l’élection d’Ahmed Zoubaïr à la tête de la Cyrénaïque, une région marginalisée durant les 42 années de règne sans partage du colonel Kadhafi.

M. Abdeljalil avait vivement réagi à cette annonce, accusant certains pays arabes, sans les nommer, de soutenir la «sédition».

«Des pays arabes frères, malheureusement, financent et parrainent la sédition qui s’est produite dans l’est pour ne pas être contaminés par la révolution», avait-il affirmé.

Mais dans une déclaration à l’AFP, Ahmed Zoubaïr, cousin de l’ancien roi Idriss al-Sénoussi renversé par Kadhafi en 1969, et lui-même membre du CNT, a réfuté «toute velléité séparatiste».

La Libye était autrefois divisée en trois régions administratives: la Cyrénaïque, la Tripolitaine (ouest) et le Fezzane (sud). Le système fédéral a été supprimé en 1963.

Les défenseurs d’un retour au fédéralisme affirment qu’un tel système sortirait l’est de la marginalisation qu’il a vécu pendant des décennies alors que ses détracteurs craignent que cette initiative ne favorise la partition du pays et ne bloque la réconciliation dans un pays qui sort d’un conflit meurtrier.

«Fédéralisme et unité sont des concepts contradictoires», affirme l’analyste libyen Mohammed ben Hariz à l’AFP à Benghazi.

«Qu’est-ce que le fédéralisme a apporté à l’Irak, sinon des conflits entre les régions autonomes riches en pétrole comme dans le Kurdistan irakien et le gouvernement central à Bagdad», s’est-il interrogé.

Les trois quarts de la richesse pétrolière de la Libye se concentrent en Cyrénaïque, selon Arish Sayid, responsable à l’Arabian Oil Company à Benghazi.

Le CNT, qui a déménagé son siège de Benghazi à Tripoli après la libération du pays, peine à exercer son autorité à travers le pays où les milices qui avaient combattu les forces de Mouammar Kadhafi font la loi.

Des centaines de personnes ont manifesté mercredi contre le fédéralisme dans le sud du pays, notamment dans les villes de Sabha et Koufra, dans le désert, selon des vidéos mises en ligne sur Facebook.

Plusieurs autres villes, dont Benghazi, ont connu des rassemblements similaires avec des banderoles soulignant l’unité nationale et insistant pour avoir Tripoli comme capitale.

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