La décision algérienne de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc n’est rien d’autre qu’un nouveau pallier de l’escalade voulue par le régime algérien avec son voisin marocain.
Même si dans les réalités économiques et politiques de la région cette initiative ne changera pas grand chose, il n’en demeure pas moins qu’elle envoie un signal abrasif sur les disponibilités des actuelles autorités algériennes à aller vers un inconnu dangereux. Les relations entre Rabat et Alger étaient déjà au point mort. Leur niveau de coopération frisait le degré zéro au grand désespoir des peuples de la région.
Mais tant que le cadre des relations diplomatiques étaient là, les apparences étaient sauves et les canaux de communication encore officiellement ouverts. La dangerosité de cette attitude algérienne est qu’elle fait planer tous les dangers sur une situation politique déjà inflammable entre les deux pays. Le danger d’une escalade militaire ou la floraison des coups bas, devenus d’ailleurs l’incontestable spécialité des militaires algériens depuis leur critiquable gestion de la décennie noire qui avaient vu les services algériens manipuler les terroristes du GIA pour réaliser leurs agendas et assouvir leur soif du pouvoir.
Mais le vrai danger réside en fait dans les mobiles de ce divorce. Une belle synthèse entre une névrose gouvernementale, une culture avancée du complot sur fond d’obsession pathologique. Le régime algérien accuse le Maroc et Israël d’être derrière les incendies qui ont ravagé la Kabylie. Il accuse le Maroc d’avoir commis l’atroce assassinat de l’activiste algérien Jamal Bensmail, de soutenir deux organisations qu’il qualifie de terroristes, le Mak, mouvement d’autodétermination kabyle et Rachad, un mouvement d’intellectuels de gauche et d’opposants politiques. Ces deux mouvements ont pris pour quartier général, la France pour le premier et l’Angleterre et la Suisse pour le second.
Peu importe pour le régime algérien qu’il n’y ait aucune preuve de l’implication du Maroc et d’Israël dans les feux d’incendies la Kabylie، aucune preuve matérielle non plus montrant de possibles accointances marocaines avec le Mak ou Rachad, l’essentiel pour le Régime algérien est de porter ces accusations pour justifier ses choix de rupture et de défiance.
Depuis l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune, le Maroc est devenu une cible prioritaire de sa haine et de ses délires. Dans une incapacité chronique à gérer les problèmes des Algériens comme en témoignent les multiples faillites, les autorités algériennes ont le pied agile et l’attitude leste quand il s’agit de s’attaquer au Maroc et de le présenter comme la source de toutes les crises, un pays sur lequel ils peuvent défouler leurs frustrations.
Cette attitude de rupture de la part d’Alger est d’autant plus inquiétante qu’elle intervient alors que le Maroc avait multiplié les gestes de bonnes intentions et de bon voisinage. De la main de réconciliation généreusement tendue par le Roi Mohammed VI, à l’aide fraternelle offerte par le Maroc pour éteindre les incendies, tout a été tenté par Rabat pour dépasser les malentendus et ouvrir une nouvelle page de bon voisinage.
Au lieu de répondre favorablement à ces offres qui misent sur l’avenir et ambitionnent d’ouvrir une nouvelle ère comme le souhaitent les populations de la région, fatiguées de tant d’années de pertes et de bouderies, le régime algérien s’est calcifié dans sa haine contre le Maroc. Il envoie ainsi un signal qu’il ne peut vivre et survivre que dans une atmosphère de tensions au fil du rasoir.
Aussi bien pour l’Europe que pour le monde arabe ou l’Afrique, l’Algérie d’Abdelmadjid Tebboune a officiellement pris le masque d’un dangereux pyromane. Pour se maintenir au pouvoir et échapper aux questionnements internes sur leurs failles, leurs prédations et leur cleptomanie, les autorités algériennes montrent une disponibilité à vouloir brûler l’ensemble de la région. Il s’agit d’un régime qui a élevé la « fake news » et la culture du complot en mode de gouvernance au service d’une haine viscérale, d’une jalousie morbide et d’une tentation suicidaire.
Avec cette décision algérienne de rompre les relations diplomatiques, le Maroc, gorgé de bonnes intentions, est condamné à attendre la naissance d’un nouveau leadership algérien, plus apte à enterrer cette hache de guerre artificielle sans aucune autre utilité que de couvrir les failles béantes d’une gestion catastrophique du pays, de ses ressources et de sa jeunesse, devenue par la force de ses frustrations une des plus contestataires de l’espace arabe.