A la crise du peso, l’Argentine répond avec plus d’austérité

De nouvelles mesures d’austérité vont être mises en oeuvre en Argentine pour stabiliser la 3e économie d’Amérique latine, qui traverse une grave crise monétaire: réduction des dépenses publiques en supprimant des ministères et taxation des exportations.

L’annonce n’a pas eu pour effet d’enrayer la chute du peso. Lundi à la clôture du marché des changes, la monnaie argentine perdait 2,74% par rapport à vendredi. Sans une intervention de la Banque centrale de la République argentine (BCRA) en fin de séance, il aurait cédé encore plus de terrain.

Depuis le début de l’année, le peso a perdu plus de 50% de sa valeur face au dollar et la Banque centrale a engagé des mesures exceptionnelles et coûteuses pour freiner la dégringolade, en vain.

"Cette crise, ce n’est pas une de plus, elle doit être la dernière. Nous avons tout pour nous en sortir", a déclaré lundi le président argentin de centre droit Mauricio Macri, dans un message enregistré, adressé aux Argentins.

Les mesures annoncées "vont accélérer le programme d’austérité, mais elles ne répondent pas suffisamment aux attentes", estime Edward Glossop, de l’institut britannique Capital Economics.

"L’attention se porte désormais sur la réunion avec le FMI, qui pourrait demander des coupes budgétaires plus agressives", ajoute l’économiste.

Cette annonce intervient à la veille d’une réunion mardi à Washington où l’Argentine va demander au Fonds monétaire international (FMI) une accélération du programme d’aide à la 3e économie d’Amérique latine. En juin, le FMI a attribué un prêt de 50 milliards de dollars sur trois ans à l’Argentine.

Le ministre de Economie Nicolas Dujovne a fixé l’équilibre budgétaire comme objectif dès 2019, alors que l’accord avec le FMI conclu en juin prévoyait de le réduire à 2,7% du PIB cette année, puis 1,3% en 2019, et de parvenir à l’équilibre en 2020. Le déficit est passé de 6% en 2015 à 3,9% en 2017.

"L’Argentine traîne depuis 70 ans un déficit chronique. En réduisant le déficit budgétaire, la nécessité d’émettre de la dette diminue. L’unique manière de construire un pays stable et d’éradiquer la pauvreté, est d’assainir nos comptes publics", a souligné le ministre de l’Économie, reconnaissant que "des erreurs" avaient été commises.

Pour le politologue Sergio Berenzstein, "tout ce qui n’a pas été fait de manière programmée et censée, va devoir se faire dans l’urgence".

Le gouvernement avait déjà pris des mesures de rigueur budgétaire en réduisant les subventions de l’Etat aux factures de gaz et d’électricité, le nombre d’employés du secteur public et en renonçant à lancer des grands chantiers d’infrastructures.

En plus de la crise monétaire et de l’inflation élevée, l’économie tourne au ralenti. Le gouvernement prévoit une récession en 2018, avec un recul du PIB de 1%, après une croissance de près de 3% en 2017. L’inflation devrait dépasser les 30% en 2018.

La baisse du pouvoir d’achat est généralisée dans ce pays de 41 millions d’habitants, où les mécanismes de revalorisation des salaires ont dans la plupart des cas un temps de retard sur l’inflation. Un grève générale est annoncée pour le 25 septembre.

Angela Tognelli, une secrétaire de 48 ans et mère de deux enfants, fait la queue pour payer sa facture d’électricité de 4.600 pesos (110 euros), "la précédente était de 1.600 et j’ai eu du mal à la payer. Je ne supporte plus ces sacrifices et on annonce que le gaz va augmenter de 100%, les médicaments, le billet de bus. On n’en voit pas la fin".

Lundi soir, un appel a été lancé pour manifester dans divers quartiers de Buenos Aires.

D’après ING Economics, si avec ces annonces, l’Argentine n’arrive pas à stopper la chute de la monnaie, "il sera nécessaire d’envisager d’autres options plus drastiques, comme par exemple le contrôle des capitaux".

L’action que le gouvernement "a été contraint d’adopter pour contrer la crise monétaire, pourrait approfondir la récession, le PIB pourrait reculer de 2% en 2018", avertit ING.

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