L’étau se resserre-t-il vraiment sur Chakib Khelil et les responsables impliqués dans les scandales à enchâssement qui touchent le secteur qu’il a eu à gérer ? Les informations qui circulent ces derniers jours donnent à croire que les choses sérieuses ont commencé, puisque l’on sait au moins que l’ancien ministre de l’Energie est officiellement convoqué, et pour la première fois, par la justice pour être entendu dans l’affaire SNC-Lavalin.
Ses domiciles à Alger et à Oran ont par ailleurs fait l’objet de perquisition dans le cadre de l’affaire Saipem. Celui qui paraissait jusqu’à présent, et malgré les gros soupçons qui ont pesé sur lui durant des années, jouir de l’immunité que lui confèrent ses liens étroits avec les plus hautes sphères du pays, serait donc lâché. Mais les derniers développements et la volonté de la justice d’agir, tel qu’affirmé par les deux communiqués successifs du parquet général d’Alger, ne recueillent que scepticisme de la part d’une opinion publique peu dupe des implications politiques lourdes des scandales et qui réclame plus de transparence quant à l’évolution des enquêtes.
Car sur une affaire aussi grave, dont les ramifications se sont étendues aux pays étrangers, l’opinion est en droit d’attendre plus que des communiqués génériques du parquet. Ou des «messages» présidentiels réitérant le principe de lutte contre la corruption et les corrompus «quels que soient leurs postes». Les «fuites» organisées ou pas disputent en effet le sujet à la rumeur et le malaise s’installe dans le pays. Tant et si bien que l’on évoque aujourd’hui une «exfiltration» organisée de Chakib Khelil pour éviter l’issue risquée, pour ses soutiens et ses «complicités» au sein du pouvoir, d’une comparution devant le juge et de son chapelet prévisible de révélations.
Ebruitées avec les détails que l’on sait en Italie et au Canada, les affaires SNC-Lavalin et ENI-Saipem continuent dans notre pays à être entourées de mystère et être traitées comme de banales affaires de détournement dont les éléments seraient protégés par le sacro-saint principe du «secret de l’instruction». Et l’on s’entête au plan politique comme au plan juridique à observer un flegme pour le moins suspect et à minorer une opinion nationale qui a le droit de savoir.
Mourad Slimani