Jawad Bendaoud, qui n’a cessé de clamer son innocence, avait été relaxé en première instance en février 2018. Il encourait six ans de prison. La cour a également prononcé l’interdiction de ses droits civiques pendant cinq ans. Jawad Bendaoud devra indemniser au titre des dommages et intérêts des centaines de parties civiles : des « victimes directes » des attentats, des « victimes indirectes » ainsi que des résidents de l’immeuble de Saint-Denis, où il avait logé les deux djihadistes. Pendant une heure, le président a lu un à un les noms de ces parties civiles, à qui Jawad Bendaoud devra verser des dizaines de milliers d’euros.
Ce procès était le premier en lien avec les attaques du 13 Novembre qui avaient fait 130 morts à Saint-Denis et Paris. Jawad Bendaoud était jugé pour « recel de malfaiteurs terroristes » pour avoir fourni l’appartement où Abdelhamid Abaaoud et son complice Chakib Akrouh s’étaient repliés à Saint-Denis. C’est là qu’ils sont morts dans l’assaut des policiers du Raid, le 18 novembre 2015. Jawad Bendaoud a toujours affirmé qu’il ne savait pas qu’il hébergeait des djihadistes, mais dans sa décision, la cour d’appel a jugé qu’il était « impossible de se fier à ses déclarations ». « Force est de constater qu’il n’a cessé de multiplier les propos contradictoires », écrivent les magistrats. Il est décrit, dans cet arrêt dont l’Agence France-Presse a obtenu copie, comme « un délinquant chevronné », « un individu sans scrupule ».
« Il n’est pas crédible, alors que la France était en proie au pire attentat de son histoire contemporaine, que Jawad Bendaoud (…) se soit abstenu de voir les informations du samedi 14 au mardi 17 (novembre, NDLR) et n’ait pas vu (…) les photographies d’Abdelhamid Abaaoud, présenté comme l’organisateur des attentats », a relevé la cour. « La gravité des faits et la personnalité de Jawad Bendaoud rendent nécessaire le prononcé d’une peine d’emprisonnement ferme, toute autre sanction étant manifestement inadéquate », ont jugé les magistrats.