La pandémie ralentit en Europe: la France prolonge le confinement, l’Espagne se remet un peu au travail
La pandémie de coronavirus semblait ralentir lundi en Europe, le continent le plus touché par la maladie, mais si certains pays comme l’Espagne desserrent d’un cran le confinement, d’autres comme la France ont décidé de le prolonger.
« L’épidémie commence à marquer le pas » a assuré le président français Emmanuel Macron dans une allocution télévisée lundi soir, où le thème de la solidarité avait pris le pas sur le ton martial de ses précédentes interventions. Il a annoncé que le 11 mai sonnerait le début du déconfinement partiel du pays, où la maladie a fait près de 15.000 morts.
Si les crèches et écoles rouvriront progressivement à cette date, les bars, restaurants, cinémas ou salles de spectacle resteront eux fermés, a-t-il précisé, reconnaissant que la France, comme d’autres, avait été « à l’évidence mal préparée » pour faire face à une telle pandémie.
Paris a fait le choix de maintenir le confinement strict, au moment où Madrid a, elle, autorisé les Espagnols à reprendre, dans une certaine mesure, le chemin des usines et des chantiers, après deux semaines « d’hibernation » où toutes les activités économiques non essentielles étaient à l’arrêt.
Les 46,6 millions d’Espagnols restent toutefois soumis au strict confinement imposé depuis le 14 mars. « Le déplacement vers le lieu de travail ne peut s’effectuer que lorsqu’il est autorisé et que le télétravail est impossible », a souligné le ministre de la Santé Salvador Illa.
Lundi, le bilan quotidien de la pandémie en Espagne est passé à 517 morts, le chiffre le plus bas depuis le 20 mars, portant le total des décès dans le pays le plus endeuillé d’Europe après l’Italie à 17.489 tués.
Pour tenter de relancer une économie fragile tout en évitant un rebond des contagions, des policiers et des volontaires ont distribué, dans les métros et les gares, dix millions de masques.
Maria Martinez, qui travaille dans un centre de santé, s’est félicitée d’en avoir reçu un en montant dans le train, « parce qu’on n’en trouve pas ou ils sont très chers ».
« Nous en recevons tout juste » assez pour travailler, « alors je n’en avais pas pour me déplacer », a-t-elle expliqué en arrivant une gare de Madrid.
Les autorités de santé estiment que le pic de la crise a été dépassé, depuis les 950 morts enregistrés le 2 avril.
En Allemagne, l’Académie nationale des sciences Leopoldina, dont les avis sont très suivis par les autorités, a prôné lundi un retour « par étapes » à la normale, si notamment les chiffres des nouvelles contaminations « se stabilisent à un bas niveau » et si « les mesures d’hygiène sont maintenues ».
Dimanche le ministre de la Santé, Jens Spahn, a laissé entrevoir un allègement des mesures coercitives, plus ou moins strictes selon les Etats régionaux, qui affectent durement la principale économie européenne.
La reprise du travail, bien entamée en Chine après la levée des mesures de confinement dans la région où est née la pandémie en décembre, est toutefois loin d’être à l’ordre du jour dans de nombreux autres pays, face à un virus qui, selon l’Organisation mondiale de la Santé, est dix fois plus mortel que la grippe A (H1N1), apparue en mars 2009 au Mexique.
La maladie Covid-19 a déjà tué au moins 114.539 personnes dans le monde, un chiffre qui a doublé en un peu plus d’une semaine.
Les Etats-Unis restent le pays le plus endeuillé avec au moins 22.109 décès. Lundi, l’Etat de New York, le plus touché de l’Union, a passé le seuil des 10.000 morts, a indiqué son gouverneur.
Pour ce dernier, « le pire est passé, si nous continuons à être intelligents » et à suivre les mesures de confinement. Si nous faisons quelque chose de stupide, vous verrez ces chiffres remonter dès demain ».
Le nombre quotidien de morts montre en effet des signes de repli depuis plusieurs jours dans certains des pays les plus affectés, en Italie, en France et aux Etats-Unis.
L’Italie a annoncé lundi soir avoir passé le cap des 20.000 morts, bien que l’épidémie y semble moins meurtrière avec une baisse des patients en soins intensifs pour le dixième jour consécutif.
La pandémie semble également approcher de son pic aux Etats-Unis où 1.514 nouveaux décès ont été enregistrés en 24 heures, un chiffre en recul pour le deuxième jour consécutif.
L’expert en chef de la Maison Blanche, Anthony Fauci, a estimé que l’économie américaine pourrait redémarrer graduellement en mai. Alors que les principaux indicateurs de la propagation « ne sont pas seulement stabilisés mais commencent à redescendre », il a dit son « optimisme prudent ».
Un premier marin du porte-avion USS Theodore Roosevelt a été retrouvé mort lundi sur l’île de Guam, dans le Pacifique, où le navire est à l’ancre et a été partiellement évacué.
Boris Johnson sorti d’affaire
La maladie n’épargne pas non plus les puissants: le Premier ministre britannique Boris Johnson, 55 ans, s’en est sorti, de son propre aveu, de justesse. Après avoir passé une semaine à l’hôpital, dont trois jours en soins intensifs, il récupérait lundi dans la résidence de campagne des Premiers ministres, au nord-ouest de Londres.
L’épidémie a tué plus de 11.000 personnes au Royaume-Uni, où les « mesures actuellement en vigueur » ne devraient pas être levées immédiatement, le pays n’ayant « toujours pas passé le pic » de l’épidémie, a annoncé lundi le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, qui dirige provisoirement le gouvernement en l’absence de Boris Johnson.
Pour renforcer le contrôle du confinement dans la capitale russe, la ville de Moscou a lancé lundi un système de laisser-passer électronique que les habitants devront télécharger pour pouvoir se déplacer en voiture ou en transport en commun.
Lors d’une réunion en visioconférence retransmise sur le site du Kremlin, le président Vladimir Poutine a reconnu que la situation « n’évoluait pas dans la meilleure direction » dans son pays, qui souffre de « pénuries » d’équipements de protection pour les personnels médicaux.
Selon le dernier bilan officiel, la Russie compte 18.328 cas de contamination et 148 morts, avec une hausse de 2.558 cas lors des dernières 24 heures, un record depuis l’apparition du nouveau coronavirus dans le pays.
Certains font figure d’exception comme le Bélarus qui n’a pas décrété de confinement et maintenu son championnat de foot, son président affirmant que personne n’était décédé du coronavirus dans son pays, malgré les 29 morts officiellement décomptés.
Sur le front économique, les pays exportateurs de pétrole sont convenus dimanche d’une baisse de production d’une ampleur inédite, dans l’espoir d’enrayer la chute des cours.
Et, dans un tweet, le président Trump (dont le pays ne fait pas partie de l’Opep) a assuré lundi que cette baisse pourrait être à terme doubler, passant de 10 à 20 millions de barils par jour.