Législatives italiennes: la coalition droite-extrême droite en tête
La coalition de droite et d’extrême droite arrive en tête des législatives dimanche en Italie, mais sans certitude sur une majorité parlementaire stable, à l’issue d’une campagne marquée par les thèmes de l’immigration et de l’insécurité.
Les populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5S) confirment de leur côté leur montée en puissance, devenant le premier parti en Italie avec un score compris entre 28 et 32%.
Ces chiffres sont toutefois à prendre avec précaution, compte tenu d’une marge d’erreur de quelque 4%, et de la complexité du mode de scrutin pour l’élection de la Chambre des députés et du Sénat.
La nouvelle loi électorale mélange les systèmes proportionnel et majoritaire, et ces estimations ne permettent donc pas de donner une idée précise de la composition des deux chambres. Selon les experts, le seuil pour obtenir la majorité des sièges est de 40 à 45%.
Il est donc encore trop tôt pour savoir si ce résultat aboutira inévitablement à l’absence de majorité pour la coalition emmenée par Silvio Berlusconi.
Le magnat des médias, qui s’était présenté en Europe comme le seul rempart contre les populistes, n’est pas certain d’avoir remporté son pari.
Son allié d’extrême droite, la Ligue de Matteo Salvini, fait pratiquement jeu égal avec son propre parti, Forza Italia. La Ligue, passée du régionalisme lombard à un souverainisme inspiré du Front national français, obtiendrait entre 12 et 16%, contre 13% et 16% à Forza Italia.
Inéligible depuis une condamnation pour fraude fiscale, M. Berlusconi, a choisi Antonio Tajani, président du Parlement européen, pour diriger le gouvernement en cas de victoire.
Montée en puissance
Le Mouvement 5 Etoiles, fondé par le comique Beppe Grillo en 2009, avait déjà créé la surprise en raflant 25% des voix aux dernières législatives de 2013, et s’assure une position centrale dans le futur parlement si son score est confirmé.
En revanche, le Parti démocrate (PD, centre-gauche) de Matteo Renzi a confirmé dans les urnes le mauvais résultat anticipé par les sondages avec un score compris entre 21 et 23,5%, toujours selon ces estimations encore très provisoires.
L’incertitude entourant ce résultat ouvre la voie à tous les scénarios possibles: majorité de droite, ou grande coalition entre Forza Italia et centre-gauche, bien que celle-ci semble s’éloigner, selon les commentateurs italiens, voire alliance des populistes et anti-système de la Ligue et du M5S.
Les partis populistes, Ligue et M5S notamment, seraient en effet théoriquement en mesure d’avoir la majorité au Parlement, bien que leurs dirigeants aient constamment écarté cette hypothèse pendant la campagne.
Quelque 46 millions d’Italiens étaient appelés à voter pour élire 630 députés et 315 sénateurs. Les bureaux de vote ont fermé à 23H00 (22H00 GMT) et les premiers résultats officiels ne sont pas attendus avant tard dans la nuit.
Nombre d’électeurs se sont montrés amers ou désabusés, à la sortie des bureaux de vote, après une campagne aux accents parfois violents, dominée par les questions liées à l’immigration, l’insécurité ou la faiblesse de la reprise économique en Italie.
"Je n’envisage pas vraiment un bon résultat. je pense que Berlusconi va gagner, mais dans tous les cas, je pense qu’ils sont tous pareils et, quelque soit le vainqueur, je ne pense pas que les choses changeront vraiment", a expliqué, désabusée, Giovanna, une retraitée romaine, âgée de 79 ans.
Durant la campagne, le ton est souvent monté, en particulier autour des migrants, comme cela avait été le cas lors de la campagne pour le Brexit en 2016 ou les législatives en Allemagne comme en Autriche en 2017.
En outre, les mouvements néofascistes ont multiplié les rassemblements publics, ce qui a provoqué des tensions avec les militants d’extrême gauche, en particulier après les coups de feu d’un militant d’extrême droite contre des Africains à Macerata (centre), en représailles à un fait divers sordide attribué à des Nigérians.
"Je pense que l’extrême-droite va gagner des points, je ne suis pas très optimiste. C’est très préoccupant pour moi, cette rhétorique anti-Europe et des gens au Parlement avec des opinions racistes", expliquait dimanche à la sortie d’un bureau de vote de Rome, Laura Sciotola, 58 ans. (afp)