Richard Descoings, patron anticonformiste de Sciences Po, retrouvé mort à New York
La police de New York a ouvert une enquête mardi soir, après le décès encore inexpliqué du directeur de Sciences Po Paris, Richard Descoings, retrouvé mort à 53 ans dans une chambre d’hôtel de Manhattan.
Plus tard dans la soirée, il a expliqué que les enquêteurs n’avaient pas de « preuve d’acte criminel », et que le désordre de la chambre avait été causé par le personnel médical qui avait cherché à ranimer Richard Descoings. Il a également semblé écarter l’hypothèse d’un cambriolage, affirmant que certains objets initialement manquants avaient été retrouvés.
Ordinateur et iPhone jetés par la fenêtre
Selon NBC New York, l’ordinateur portable et l’iPhone de Richard Descoings ont été jetés par la fenêtre de sa chambre qui se trouvait au 7e étage, et retrouvés sur un palier du 3e étage. La police a précisé qu’elle attendait de connaître les conclusions du médecin légiste, pour se prononcer sur les raisons de la mort de Richard Descoings, qui se trouvait à New York pour participer à une conférence à l’université Columbia. Après avoir évoqué « la possibilité que d’autres personnes se soient trouvées dans la chambre à un moment donné », Paul Browne s’est ensuite refusé à tout commentaire sur le sujet.
Richard Descoings devait représenter l’Europe dans une réunion de grands leaders d’universités, sous l’égide du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui s’est dit dans la soirée « profondément attristé » par cette mort.
Le président Nicolas Sarkozy a rendu hommage à « un grand serviteur de l’Etat » et le chef de la diplomatie Alain Juppé a fait part de sa « très vive émotion » en saluant « un infatigable acteur du rayonnement universitaire de notre pays dans le monde ».
Richard Descoings a « en 16 années de direction, accompli une oeuvre extraordinaire qui a profondément transformé Sciences Po. La ferveur des étudiants pour leur directeur était exceptionnelle et marquera très durablement l’institution », ont précisé deux figures historiques de Sciences Po, Jean-Claude Casanova et Michel Pébereau dans un communiqué. Le ministre de l’Enseignement supérieur Laurent Wauquiez a lui évoqué « un ami » qui a fait prendre à Sciences Po « les grands tournants stratégiques qui s’imposaient ».
Descoings l’anticonformiste
En quatre mandats, Richard Descoings a fait passer cette école qui forme une partie des élites françaises de 4.500 à 10.000 étudiants et multiplié les réformes: ouverture à des élèves de familles pauvres, aux étudiants étrangers (40% du total actuel), création de six campus en province, hausse des droits d’inscription tempérée par des bourses, etc. Encore récemment, il faisait voter une réforme d’ampleur du concours d’entrée, avec notamment la suppression de l’emblématique épreuve de culture générale. Richard Descoings n’avait pas peur de créer la polémique, comme quand il a ouvert en 2001 l’IEP aux lycéens de « Zep », et il aimait les défis, comme celui relevé en 2009 à la demande de Nicolas Sarkozy en relançant la réforme des lycées.
Mais il avait aussi dû se justifier, après une polémique sur son salaire (24.000 euros nets par mois) et sa prime variable. Dans un entretien à Libération le 31 janvier, il avait appelé notamment à ce que les présidents d’universités françaises soient mieux payés. Dans cet entretien, il déclarait aussi « on a fait mon outing forcé (…) Je ne vois pas ce que ma prétendue homosexualité a à voir. C’est en plus survenu à l’occasion de mon mariage. Que répondre ? Que je ne suis pas homosexuel ? Non, rien ».