« Les positions de l’Algérie sont constantes et fermes. Nous faisons clairement la distinction entre la question du Sahara occidental qui relève d’un problème de décolonisation et qui est entre les mains des Nations unies, et nos relations bilatérales (avec le Maroc) », a souligné M. Lamamra lors d’une conférence de presse animée conjointement avec le ministre de la Communication, Abdelkader Messahel, selon des propos rapportés par l’agence APS.
Ce rappel des positions algériennes sur le Sahara occidental est pour le moins curieux. Dans les faits, rien ne le justifie. La récente crise diplomatique avec Rabat confirme clairement ces positions. Le dire de nouveau, avec autant d’insistance, en commentant pour la énième fois le geste d’un écervelé marocain qui a arraché le drapeau algérien du toit de notre consulat à Casablanca n’a aucun sens. Imaginons un instant John Kerry animer une conférence de presse à chaque fois que le drapeau américain est arraché ou brûlé quelque part dans le monde. Il ne ferait que ça. A temps plein.
Certes, dans cette crise, Alger a remporté des points décisifs face à Rabat. Les Algériens ont notamment gagné la bataille de la communication. Mais pas celle de la diplomatie. La preuve ? John Kerry a annulé son voyage en Algérie, prévu le 10 et 11 novembre, prétextant une réunion à Genève sur le nucléaire iranien. Mais le 22 novembre, le roi Mohamed VI sera reçu à Washington par Barack Obama (lire l’information du Figaro). Rien que pour cette raison, Alger devrait se montrer discret sur sa prétendue « victoire diplomatique » sur Rabat.
En fait, en insistant sur la question sahraouie, la diplomatie algérienne cherche surtout à faire ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Une diplomatie inaudible, incapable de voir au-delà du conflit avec le Maroc. Pourtant, Alger a les moyens de faire entendre sa voix sur d’autres dossiers importants. À commencer par la crise syrienne. L’Algérie est aujourd’hui le seul pays arabe que Bashar Al-Assad est en mesure d’écouter. Mais au lieu de mettre à profit cette position pour faire des propositions de sortie de crise, les Algériens se contentent d’attendre les réunions de la Ligue arabe, menées par le Qatar et l’Arabie saoudite, pour, le plus souvent, s’abstenir de voter les résolutions.
Sur le dossier iranien, l’Algérie, au regard de nos relations avec l’Iran, pourrait aussi avoir un rôle à jouer. Que dire du Sahel, une région stratégique pour l’Algérie mais d’où elle semble presque exclue, laissant le champ libre aux Français. Sur ce dernier dossier, l’Algérie avait eu un moment des positions « fermes » comme sur le Sahara occidental. Des positions qui rejetaient toute intervention militaire étrangère. Depuis, ce sont les Algériens qui ravitaillent les troupes françaises, en action à nos frontières. Sur ce point, Lamamra et Messahel n’ont pas osé rappeler aujourd’hui les positions « fermes » de l’Algérie.
(site: Tout sur l’Algérie)