Yann Moix ou le coup d’éclat permanent
Yann Moix n’est pas un écrivain discret. Romancier, réalisateur, ex-chroniqueur à la télé, l’auteur au coeur d’innombrables polémiques aime être en pleine lumière quitte à se faire détester.
Aux querelles familiales que le roman a engendrées (Yann Moix y affirme avoir été victime de sévices dans son enfance, ce que son père et son frère contestent, ce dernier accusant l’écrivain d’avoir été son bourreau) se sont greffées de graves accusations d’antisémitisme à l’encontre de l’écrivain âgé de 51 ans.
Et l’exhumation par l’Express de textes négationnistes écrits dans sa jeunesse.
Le romancier a reconnu avoir dessiné des caricatures antisémites et écrit des textes négationnistes dans une revue étudiante quand il avait 21 ans. "J’assume, j’endosse tout. Ce que j’ai fait à l’époque avec 3 ou 4 cons, on était des types complètement paumés", a admis l’écrivain dans Libération.
"Ces textes et ces dessins sont antisémites, mais je ne suis pas antisémite (…) Aujourd’hui, l’homme que je suis en a honte", s’est défendu l’écrivain qui se présente comme "le meilleur défenseur du judaïsme".
"J’ai eu la chance de rencontrer Bernard-Henri Levy qui m’a évité de devenir l’homme que j’aurais pu être, une pourriture. Je ne suis pas fier, mais heureux de mon parcours", a ajouté l’écrivain.
"Vraie girouette"
Yann Moix revient de loin. Fils aîné d’un masseur-kinésithérapeute et d’une secrétaire, né en mars 1968 à Nevers, ayant passé son enfance à Orléans, il a fréquenté le sulfureux écrivain Marc-Edouard Nabe (avec lequel il raconte avoir rompu en 2007) et l’historien négationniste Paul-Eric Blanrue. Sur internet des photos circulent de l’écrivain en compagnie de Dieudonné ou d’Alain Soral.
Le nom de Yann Moix a brièvement figuré en 2010 sur une pétition demandant l’abrogation de "la loi Gayssot" condamnant le négationnisme et punissant la contestation des crimes contre l’humanité. Plus tard, l’écrivain assurera s’être fait piéger. "J’ai été contacté il y a quelques jours au sujet d’une pétition contre la loi Gayssot dont Robert Badinter devait être le signataire vedette. On m’a promis un Robert (Badinter) mais, hélas, j’ai découvert un tout autre Robert, in fine, sur la liste : Faurisson !", a raconté Yann Moix sur son blog.
En 2015, au moment de prendre ses fonctions de chroniqueur de l’émission "On n’est pas couché" sur France 2, ce diplômé de Sciences Po confessait être "une vraie girouette" et n’avoir "aucune colonne vertébrale politique".
Cela n’empêche pas l’écrivain, Goncourt du premier roman en 1996 à 28 ans pour "Jubilations vers le ciel", lauréat du Renaudot en 2013 pour "Naissance" (2013), un pavé de plus d’un millier de pages où il racontait déjà son enfance maltraitée, de multiplier les déclarations à l’emporte-pièce.
Faire le compte-rendu de ses déclarations intempestives relève d’un travail de Titan. "Jean-Luc Mélenchon, c’est Pétain à l’envers", "Michel Houellebecq, le Droopy des partouzes"…
Animal médiatique, il prend malgré tout le temps d’écrire. Parmi ses plus grand succès, on se souvient de "Podium" (2002) dont il fera un film avec Benoît Poelvoorde. Le livre et le film sont un succès. En 2004, il publie "Partouz", roman dans lequel il lie les attentats du 11-Septembre à la frustration sexuelle des jihadistes.
Être écrivain est ce qui lui importe le plus. "J’ai toujours voulu être écrivain, c’est ma seule identité", dit-il après avoir été couronné par le Renaudot.
En n’hésitant pas à créer une polémique au moment de la sortie d’un de ses livres. Au mois de janvier, en marge de la sortie de son roman "Rompre", l’écrivain souligne dans Marie-Claire qu’il est "incapable d’aimer" une femme âgée de 50 ans, provoquant un déluge de réactions sur les réseaux sociaux.
"Orléans", son 17e roman, n’est sans doute pas le meilleur livre de la rentrée littéraire mais c’est celui dont on parle le plus. Et ce n’est pas fini.