Le suspect, Grafton Thomas, 37 ans, a comparu devant la justice lors d’une audience préliminaire en fin de matinée.
Cinq chefs d’accusation pour "tentative d’homicide" et un pour "cambriolage" ont été retenus contre lui, a indiqué dans un communiqué la police locale, précisant que sa caution avait été fixée à cinq millions de dollars.
Grafton Thomas est accusé d’avoir pénétré samedi soir, lors de la fête juive de Hanouka, dans la maison d’un rabbin de Monsey, ville située à 50 km au nord de New York, avec une arme blanche.
"Un grand couteau, comme une machette ou un sabre", selon le témoignage dimanche devant la presse de Joseph Gluck, qui se trouvait dans la maison lors de l’agression.
"Il a commencé à frapper les gens à droite et à gauche", a-t-il raconté, ajoutant lui avoir jeté une table basse pour attirer son attention et lui faire quitter la maison.
L’agresseur, qui a essayé de pénétrer dans une synagogue voisine, a pris la fuite après l’attaque, avant d’être arrêté par la police.
Il a plaidé non coupable et comparaitra de nouveau le 3 janvier.
Le témoin Joseph Gluck a raconté avoir noté sa plaque d’immatriculation et l’avoir transmise à la police.
Au total, cinq personnes ont été blessées samedi. Elles ont été hospitalisées mais les autorités n’ont pas donné de détails sur leur état de santé.
Yossi Gestetner, co-fondateur de la branche locale de l’association juive orthodoxe OJPAC, a affirmé au New York Times que l’une des victimes est le fils de ce rabbin.
– "Acte terroriste" –
Le gouverneur de l’Etat de New York Andrew Cuomo a qualifié dimanche l’attaque "d’acte terroriste".
"Nous avons de dangereux crimes motivés par la haine que nous combattons, mais je pense que nous sommes maintenant au-delà de ça. Je pense que c’est un acte terroriste. Je pense que c’est du terrorisme intérieur", a-t-il déclaré à son arrivée sur place.
Cette attaque survient dans un contexte de montée d’agressions antisémites aux Etats-Unis. Le comté de Rockland, où est situé Monsey, est celui qui compte la plus forte proportion de population juive aux Etats-Unis, avec 90.000 personnes soit 31,4% des habitants.
"L’Etat de New York a zéro tolérance pour l’antisémitisme et l’assaillant devra faire face à la loi dans toute sa rigueur", a déclaré le gouverneur Cuomo sur Twitter.
Sur Twitter, le président américain Donald Trump a appelé dimanche à "éradiquer" le "fléau de l’antisémitisme".
"L’attaque antisémite à Monsey, New York, lors de la septième nuit de Hanouka, est horrible. Nous devons tous nous réunir pour combattre, défier et éradiquer le fléau néfaste de l’antisémitisme", a-t-il écrit.
En Israël, le président Reuven Rivlin s’est dit "sous le choc et indigné". Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a pour sa part "fortement condamné les récentes manifestations d’antisémitisme".
Dans un rapport publié en avril, l’Anti-Defamation League, organisation de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, avait décompté 1.879 incidents à caractère antisémite en 2018 aux Etats-Unis, frôlant le record de 1.986 de 2017, et incluant 39 agressions physiques, le double de l’année précédente.
A Monsey, l’ambiance était au recueillement dimanche matin.
"On ne pensait pas que quelque chose comme ça pouvait arriver ici", a témoigné un voisin du rabbin, Joel Spitzer, à l’AFP, expliquant craindre de futures attaques.
"C’est toujours dans un coin de l’esprit. Qu’est-ce qui fait que ça ne va pas arriver de nouveau?".
Le 10 décembre, une fusillade dans une épicerie casher de Jersey City dans la banlieue de New York a fait quatre morts. La police avait qualifié cette attaque d’"acte de terrorisme intérieur alimenté par l’antisémitisme et par des vues anti-forces de l’ordre". Les deux attaquants avaient été abattus.
Joel Spitzer a veut maintenant acheter une arme pour se protéger. "Une fois c’est déjà bien assez, mais là c’est trop", a-t-il déclaré.
L’attaque la plus sanglante contre des juifs aux Etats-Unis a été commise en octobre 2018, lorsqu’un camionneur de 46 ans a tué par balle 11 personnes dans la synagogue "Tree of Life" de Pittsburgh (Pennsylvanie).