Un mystère nommé Macron !

Il a déboulé dans la vie politique française avec une étonnante rapidité. Avant que son astre n’ait cette grande luminosité, il n’était qu’un obscur fonctionnaire d’une illustre banque internationale avant d’occuper le poste du conseiller non moins obscur de François Hollande. Et soudain parce que le couple François Hollande/ Manuel Valls, gêné aux entournures par le gauchisme entreprenant d’un certain Arnaud Montebourg, a décidé de propulser le jeune et fringant Emmanuel
Macron. A l’époque, succéder à Montebourg n’était pas une sinécure. Avec sa belle gueule d’acteur latino-américain, son verbiage d’avocat retors, Montebourg semblait irremplaçable.

Par Mustapha Tossa

Une des grandes qualités de Macron est de l’avoir fait oublié en un temps record. Il est vrai qu’il a été aidé en cela par François Hollande qui avait investi sur son nom la gigantesque réforme de l’économie française. "Les lois Macron" ont capté lumières médiatiques et débats politiques. L’occasion pour le jeune ministre de dérouler son argumentaire et sa séduction. Il s’est même pris au plaisir quelque peu sadique de tirer le chat par la queue en provoquant l’héritage de la gauche et en titillant ses icônes. En l’espace de quelques sorties, Macron était devenu l’homme à abattre pour une gauche remontée contre les choix de François Hollande. Il n’est temporairement remonté dans son estime que lorsqu’en plein débat sur la déchéance de la nationalité, il adopta une position proche d’une rebelle comme Christiane Taubira, ministre de la justice démissionnaire que d’un Manuel Valls qui a fait de l’autoritarisme clivant sa marque de fabrique avec des airs de famille avec le Nicolas Sarkozy des grandes effervescences.

Dans un casting gouvernemental quelque peu compassé, il apparaissait comme l’homme qui osent des vérités au risque d’adopter des postures insolentes, qui donne des coups de turbulence sur des secteurs menacés de paralysie et de conservatisme. Sa stratégie a eu pour conséquences immédiates de donner un terrible coup de vieux à Manuel Valls qui construisait patiemment son ascension et sa légende.

La popularité croissante d’Emmanuel Macron lui indique que son message était audible et reçu avec bienveillance, que la France actuelle était à la recherche d’une telle posture, même si par la même occasion il s’est transformé en un chiffon rouge que la gauche orthodoxe adore détester. Il n’en a cure. Au contraire, il décide de tirer bénéfice d’une telle haine dont le dommage collatéral est de valoriser son profil et de pousser des forces à se coaliser pour le porter. Et il décide de tenter sa chance en creusant son propre sillon en lançant son propre mouvement " En marche".

Ce mouvement est encore illisible dans ses choix politiques malgré la riche communication dont il a bénéficier depuis sa naissance. Se contenter de renvoyer la gauche et la droite à leurs turpitudes n’a jamais été un programme politique gagnant. La riche histoire des échecs répétés de ce qu’on appelle communément le centre est là pour l’illustrer. Mais ce mouvement apparaît déjà comme une machine à propulser un candidate et à lustrer un nom, celui d’Emmanuel Macron qui se trouve aujourd’hui au coeur d’un imbroglio politique qui rappelle les riches heures de la cohabitation à la française.

L’origine de la tension actuelle tient à ce double effet. Le premier est qu’Emmanuel Macron semble avoir pris le créneau politique et économique sur lequel un homme, tout aussi jeune et tout aussi ambitieux comme Manuel Valls, comptait investir pour exister aux côtés d’un Francois Hollande censé incarner le passé. Valls peine à contenir sa colère et son amertume à l’égard de son ministre de l’économie qui prend un malin plaisir à le doubler sur sa droite.

Le second est que "la virée Macron", clips de communication, interviews People, étalage de vie privée et exhibition d’ego, avait pour conséquence d’amplifier d’avantage les échec du quinquennat de François Hollande que de participer une quelconque réussite collective. Contrôlant une colère froide, le président Hollande avait parlé de "loyauté" en ciblant Macron. Dans le contexte actuel, cela équivaut à pointer une forme de trahison que la presse commence déjà à évoquer. Les derniers sondages qui donnent Hollande perdant au second tour dans tous les cas de figure, y compris celui où il doit affronter Marine Le Pen est de nature à faire phosphorer les ambitions et rabattre les cartes.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite