Tebboune, Bouteflika en pire !

Il ne se passe pas un vendredi sans que les algériens ne descendent dans la rue pour exprimer colère et frustration. Leur Hirak qui avait mis fin au cinquième mandat de Abdelaziz Bouteflika est toujours vivace malgré les aléas du Covid-19 et malgré toutes les tentatives des militaires de dévoyer le sens de leurs combats.

La permanence de ce mouvement de protestation est la preuve indiscutable de leurs échecs. Les tentatives de maquillage, les multiples leurres, l’exploitation éhontée de la pandémie n’ont aucunement réussi à dévitaliser cette vague de contestation dont l’objectif est de jeter de nouvelles fondations politiques en Algérie.

Au cœur de leurs contestations se trouvent la figure du président Abdelmajid Tebboune. Leur refus de lui reconnaître la moindre légitimité est si entêté qu’il devient presque le moteur de leurs dynamiques politiques, leur cri de ralliement et de leur cohérence.

Abdelmajid Tebboune, le président algérien le plus mal élu de l’histoire du pays, est conscient de cette réalité. D’où une tendance naturelle chez lui à s’enfermer dans une posture autiste quand il s’agit de traiter ou commenter les événements de la rue algérienne.

Abdelamadjid Tebboune n’était pas destiné à jouer les premiers rôles. Quand en pleine crise du cinquième mandat, il a été coopté par le patron de l’armée de l’époque Gaid Saleh, il devait se contenter d’incarner le rôle de marionnette d’un ventriloque militaire. L’homme n’avait ni le pedigree ni le charisme d’un personnage politique capable de provoquer la moindre rupture ou de susciter la moindre espérance.

Deux événements vont provisoirement rebattre les cartes de son destin. Le premier est la mort subite de son parrain Gaid Saleh, le laissant presque orphelin à affronter les appétits de pouvoir et de vengeances de tous ceux qui ont souffert de l’ère post Bouteflika.

Le second est son hospitalisation en Allemagne, victime de corona et d’une santé chancelante. Cette longue séquence avait donné lieu à une volonté manifeste de la part de l’armée de changer de marionnette si celle nommé Tebboune devrait se révéler incapable d’assumer ce rôle.

Dès son retour à Alger, Abdelamdjid Tebboune a tenu à élaguer les mêmes éléments de langage du système algérien, allant dans ses tics comme dans ses réflexes jusqu’à mimer son prédécesseur dans tous ses travers. Pour lui comme pour ses parrains, le simple fait d’avoir fait avorter le cinquième mandat de Bouteflika était en soi une grande révolution dont il fallait se féliciter. Ce que les algériens de l’intérieur comme ceux de la diaspora refusent d’admettre en continuant à alimenter le Hirak.

Il y a sans doute une réalité qu’Abdelamajid Tebboune refuse de voir en face c’est qu’il occupe ce poste de manière provisoire et est chargée d’une période transitoire. C’est en tout cas la vision française portée par le président Macron qui cherche à la fois de paver la route à une réconciliation mémorielle entre Paris et Alger et à élaborer une aide française pour dépasser cette période transitoire.

Cette tonalité française sur le transitoire qui doit prendre fin a le don de provoquer une colère froide des militaires algériens. Elle souligne que les artifices, camouflages et autres astuces auxquels les militaires ont eu recours pour se maintenir au pouvoir ne trompent personne. Elle donne aussi écho et vie à la dynamique politique initiée par le Hirak qui doit fatalement se couronner par un réel changement de gouvernance.

Plus que l’ancien président Abdelaziz Bouteflika qui feignait une neutralité et jouait une comédie macabre, Abdelmajid Tebboune a fait de la haine contre le Maroc un marqueur essentiel de son identité et de sa démarche politique. Il ne rate aucune occasion pour diffuser son venin contre son voisin de l’ouest. Aucune sortie médiatique n’est dénuée de cette attaque contre le Maroc et de son unité territoriale. Tous ses discours publics contiennent obligatoirement ce soutien exhibé aux séparatistes du Polisario.

Depuis le début de son mandat, l’Algérie qu’il dirige officiellement ne cache plus son implication militante et militaire dans l’affaire du Sahara marocain. Ses sorties comme ses prises de position indiquent son penchant comme sa disponibilité et ceux, à l’ombre des casernes, qui le font bouger à aller aux extrêmes, jusqu’à l’aventure militaire pour faire valoir leurs visions.

D’Abdelamajid Tebboune, le miraculé de Berlin, ni les Algériens ni les Marocains, ni l’ensemble de la région du Maghreb ne doivent s’attendre à une quelconque accélération positives de leurs relations de voisinage. Il est l’homme d’une transition sur le fil du rasoir que tout le monde souhaite la plus brève et la moins aventurière possible.

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