Syrie: coup d’envoi des législatives dans un pays en proie à la violence

Les bureaux de vote pour les élections législatives organisées par le régime syrien mais vilipendées par l’opposition ont ouvert mercredi alors que la Syrie connait une flambée de violence après six semaines de cessez-le-feu.

Dans les régions sous contrôle gouvernemental, soit un tiers du territoire où vit environ 60% de la population, les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 (04H00 GMT) et pour une durée de 12 heures sauf si la commission électorale décide "en raison de l’affluence" de prolonger l’ouverture.

Pour ce second scrutin depuis le début de la guerre en 2011, 11.341 candidats âgés de plus de 25 ans avaient décidé au départ de briguer les 250 sièges.

En fin de course, il n’en reste plus que 3.500, les autres s’étant retirés "estimant n’avoir aucune chance de l’emporter", a expliqué à la presse le président du Comité juridique suprême des élections, le juge Hicham al-Chaar.

Les murs de Damas sont couverts d’affiches des candidats mais sur le haut d’un immeuble surpassant les autres domine un calicot du parti Baas, à la tête du pays depuis plus d’un demi-siècle, avec ce mot d’ordre "les élections de la résistance".

Le scrutin coïncide avec l’ouverture de la seconde session de négociations indirectes entre le régime et l’opposition, sous la houlette de l’ONU à Genève.

Il se tient aussi alors que le pays risque de replonger dans une guerre complexe opposant le régime, les rebelles modérés et islamistes ainsi que les deux frères ennemis du jihadisme, le groupe État islamique (EI) et le Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda.

Dans la province septentrionale d’Alep, qui fut la plus riche du pays avant le début de la crise en mars 2011, les combats font rage entre troupes du régime et ses alliés comme la Russie d’une part et jihadistes d’Al-Qaïda et des alliés rebelles d’autre part sur plusieurs fronts le long de l’autoroute Alep-Damas. Dans le camp palestinien de Yarmouk, dans le sud de la capitale, l’EI et Al-Nosra se livrent une guerre sans merci.

Aussi la guerre a été au coeur de la campagne: "Nous sommes pour la sécurité", "Pour nos enfants qui sont morts, continuons", proclament des affiches collées sur les murs et les poteaux électriques de la capitale. Un aspirant député se présente comme la voix des "martyrs de notre armée héroïque", tandis qu’un autre glorifie "la Syrie victorieuse".

Le journal du parti Baas "considère que ce scrutin est aussi un combat pour prouver la solidité des institutions de l’État".

Ces élections sont en revanche jugées "illégitimes" par les opposants de l’intérieur comme de l’extérieur, et par les pays occidentaux. Mais la Russie, grand allié du régime, les juge "conformes à la Constitution syrienne actuelle". L’ONU plaide de son côté pour la tenue d’élections générales courant 2017.

Les élections législatives "auront lieu partout sauf dans les provinces de Raqa et Idleb", aux mains de l’EI et du Front Al-Nosra, ainsi que "dans les régions qui connaissent des problèmes de sécurité", en référence aux zones tenues par les rebelles, selon la commission électorale.

"Les électeurs originaires de ces régions pourront voter dans les secteurs tenus par l’armée", indique-t-elle.

Par exemple, ceux de la province de Deir Ezzor (est) contrôlée en grande partie par l’EI "auront des bureaux de vote à Damas et dans sa banlieue, ainsi qu’à Hassaké" (nord-est), précise M. al-Chaar à l’AFP.

Le résultat des élections devrait être semblable à celui du scrutin de mai 2012, selon les experts. Pour la première fois, plusieurs partis avaient été autorisés à y participer, mais le Baas, avait obtenu la majorité des 250 députés élus pour un mandat de quatre ans.

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