Sommet Dakar 2: le secteur privé « parfaitement conscient de son rôle majeur » pour assurer la sécurité alimentaire de l’Afrique (Chakib Alj)
« En tant que secteur privé, nous sommes parfaitement conscients du rôle majeur qui est le nôtre pour assurer la sécurité alimentaire de l’Afrique, à travers la transformation et la création de la valeur ajoutée », a dit M. Chakib Alj, qui intervenait lors d’une Table ronde de Haut niveau axée sur les « politiques de transformation de l’Agriculture africaine », organisée au dernier jour du Sommet Dakar 2 sur la souveraineté alimentaire, tenu du 25 au 27 janvier sous le thème « Nourrir l’Afrique : souveraineté alimentaire et résilience ».
Il a dans ce cadre souligné l’importance « d’améliorer nos rendements agricoles, via l’agrégation notamment, la valorisation de l’agriculteur, la promotion de l’innovation dans l’agriculture, la formation… ».
Lors de cette table ronde, les intervenants parmi lesquels figurent le ministre sénégalais de l’élevage et de production animale, Aly Saleh Diop, et le ministre de l’agriculture et de la sécurité alimentaire de la Sierra Leone, Abu Babak Karim, ont été invités à répondre aux interrogations suivantes: Comment les décideurs politiques peuvent-ils soutenir au mieux l’agriculture africaine face au changement climatique ?, Comment rendre les environnements politiques et institutionnels plus favorables pour attirer des partenariats potentiels dans l’agriculture ?, et quel est le rôle du gouvernement dans la formalisation des emplois et la réforme foncière pour rendre le secteur plus inclusif?.
Le président de la CGEM a ainsi noté que « les gouvernements peuvent fournir un environnement favorable aux affaires en facilitant l’accès au marché, au financement, au foncier, à l’énergie, à la formation et l’accès à l’innovation, mais aussi en améliorant le doing business (digitalisation, cadre fiscal…) ».
M. Alj a souligné, d’autre part, que l’impact du changement climatique sur l’agriculture est « aujourd’hui une réalité.
Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), un réchauffement d’environ 2°C entraînerait une réduction de 10% du rendement agricole total en Afrique subsaharienne d’ici 2050, a-t-il dit, estimant que si « le réchauffement dépassait les 3°C, toutes les régions actuellement productrices de maïs, de mil et de sorgho, par exemple, deviendraient inadaptées à ce type de cultures ».
« Ces chiffres nous interpellent d’autant plus que 240 millions d’africains souffrent déjà de malnutrition, alors que l’Afrique détient un potentiel énorme en matière d’agriculture, notamment avec 65% des terres arables », a fait observer le président de la CGEM.
Interpellé sur les actions lancées par le Maroc dans ce domaine, M. Alj a évoqué trois actions « qui ont permis de faire la différence », à savoir d’abord la mise en place de projets de gestion raisonnée de l’eau, notant que « grâce à la Vision royale, le Royaume dispose actuellement de 149 barrages qui lui permettent de gérer de manière rationnelle ses ressources hydriques, surtout en temps de sécheresse comme celles que nous avons vécu ces dernières années ».
Des Partenariats Public-Privé (PPP) efficients ont également été mis en place pour des projets de dessalement de l’eau et de traitement des eaux usées, en misant sur l’innovation et les nouvelles technologies, a encore relevé M. Alj devant les panélistes.
L’intervenant a cité également le Plan Maroc Vert qui a été lancé en 2008 avec pour objectif d’ériger le secteur agricole en véritable levier du développement socio-économique au Maroc. Après 10 ans de mise en œuvre de ce Plan Maroc Vert, le secteur agricole a pu drainer un investissement de 104 milliards de DHS dont 40% d’investissement public et 60% d’investissement privé, a-t-il expliqué à l’assistance, ajoutant que les exportations des produits agricoles ont également connu une augmentation de 117% en passant de 15 milliards de DHS à 33 milliards de DHS.
Sur le plan social, le Plan Maroc Vert a permis la création de 342 000 emplois supplémentaires, et le PIB agricole a connu une augmentation de 7 à 12 milliards de dirhams, indépendamment de la pluviométrie, a encore souligné M. Alj, qui fait partie des membres de la délégation marocaine qui a participé à ce Sommet de trois jours ouvert mercredi par le chef de l’Etat Sénégalais, Macky Sall.
La délégation marocaine, conduite par le Chef du gouvernent, Aziz Akhannouch, comprenait également le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Mohamed Sadiki, le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, le président-directeur général du Groupe OCP, Mustapha Terrab,, le Directeur général du Fonds « Ithmar Capital », Obaid Amrane et l’Ambassadeur de SM le Roi au Sénégal, Hassan Naciri.
Les travaux du Sommet Dakar 2 ont pris fin, vendredi, par l’adoption de la « Déclaration de Dakar ».
La Déclaration de ‘’Dakar 2 » lue à la clôture du forum par le ministre sénégalais de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire, a suggéré de mettre sur pied des Conseils présidentiels pour superviser la mise en œuvre des pactes nationaux pour l’alimentation et l’agriculture, afin d’assurer le suivi des décisions du forum.
Les parties prenantes de la Déclaration ont décidé aussi de ‘’demander à la Commission de l’Union africaine et à la Banque africaine de développement d’assurer le suivi avec les différents partenaires au développement afin de finaliser le soutien’’.
Elles ont suggéré que la Déclaration du Sommet Dakar2 soit soumise au Sommet de l’Union africaine prévu en février 2023 pour examen.
La Banque africaine de développement BAD, organisateur de ce Sommet en partenariat avec le gouvernent du Sénégal, a annoncé pour sa part un financement de 30 milliards de dollars pour la mise en œuvre ‘’le plus rapidement possible » des stratégies nationales de souveraineté alimentaire et de résilience avec la promesse ‘’de rechercher un appui financier supplémentaire auprès d’autres partenaires et rendre compte du financement global des partenaires au développement.
Ce Sommet a réuni des chefs d’Etat, des gouvernements, le secteur privé, les organisations multilatérales, les ONG et les scientifiques pour relever le défi croissant de la sécurité alimentaire en Afrique. Il a été question lors de ce Sommet d’élaborer des dispositifs de financement pour la mise en œuvre de pactes pour l’alimentation et l’agriculture, en collaboration avec les ministres responsables de l’agriculture, les acteurs du secteur privé, les banques commerciales et les institutions financières.