Rachid Benzine : la formation des imams de France doit s’ouvrir sur les apports des sciences humaines
Rachid Benzine, islamologue et chercheur, à qui le ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur vient de confier une mission d’étude avec deux autres universitaires en vue de la création d’un institut d’islamologie, appelle à ce que la formation aux sciences traditionnelles des imams de France s’ouvre sur les apports des sciences humaines. Dans un entretien à Atlasinfo.fr, l’auteur de « La République, l’Église et l’Islam » se montre par ailleurs quelque peu septique sur la « Fondation de l’islam de France », annoncée lundi dernier par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve dans le cadre de la réorganisation du culte musulman.
Propos recueillis par Hasna Daoudi
Atlasinfo: La France a-t-elle un problème avec l’islam?
Bernard Cazeneuve vient d’installer le Conseil d’administration de la nouvelle Fondation de l’islam de France. Quelles chances de réussite celle-ci vous semble-t-elle avoir?
Que veulent les musulmans de France?
Quelle est la bonne solution pour enfin organiser l’islam de France?
Certes, les Pouvoirs Publics ont besoin de l’existence de représentants officiels, besoin d’interlocuteurs au moins un peu représentatifs des musulmans pratiquants comme ils en ont parmi les autres grandes religions du pays. Mais c’est une illusion de croire qu’une seule structure peut remplir ce rôle, tant il y a des oppositions entre, par exemple, l’islam officiel algérien ou marocain, et l’islam du Milli Gorus turc, sans oublier une rivalité algéro-marocaine. Il y a chez beaucoup de nos responsables politiques le désir de voir émerger une sorte "d’Eglise musulmane" organisée selon le modèle de l’Eglise catholique, mais cela n’est pas dans la tradition musulmane. Ce qui serait le plus souhaitable ( ce à quoi avait pensé en son temps le ministre Pierre Joxe ), ce serait une sorte de Fédération Musulmane de France à l’image de la Fédération Protestante de France, fédérant plusieurs entités, plusieurs courants. Mais qui, parmi les fédérations et mouvements existants, veut vraiment cela? Qui est disposé à jouer la communion des uns et des autres? Je crois, en ce qui me concerne, que l’on ne pourra pas avancer tant qu’on n’acceptera pas comme une donnée incontournable le lien de la majorité des musulmans de France avec l’islam soit de l’Algérie soit du Maroc. C’est dans une coopération avec cet islam officiel de l’Algérie et du Maroc que pourra se construire une structure représentative de l’islam des musulmans de France.
Comment envisagez-vous la formation des imams?
Faut-il interdire le financement étranger des mosquées?
Que pensez-vous de cette polémique sur le burkini?
Que révèle cette polémique de notre société?