Pays-Bas : l’islam au coeur d’un débat national

Des centaines de citoyens néerlandais ont assisté vendredi à un débat national sur l’islam dans la plus grande mosquée des Pays-Bas, à cinq jours des élections législatives pour lesquelles de nouveaux sondages maintiennent le parti du député anti-islam Geert Wilders à la deuxième place.

Grand absent du débat qui rassemblait des représentants des moyens et petits partis des Pays-Bas, le député à la chevelure peroxydée était dans tous les esprits, même si son nom n’a été que peu prononcé, lui qui a promis, s’il devenait Premier ministre, de fermer les mosquées, d’interdire la vente du Coran et de fermer les frontières aux immigrés musulmans.

Quelque 400 personnes ont posé des questions, applaudi, crié, hué, ri dans l’impressionnante mosquée Essalam de Rotterdam, au cours d’un débat très animé au sujet de cette religion devenue l’un des principaux thèmes de la campagne électorale en vue du scrutin de mercredi.

Autour de thèmes allant de l’identité néerlandaise aux discriminations, au jihadisme et à la séparation entre l’Eglise et l’Etat, ils ont fait part de leurs inquiétudes, de leurs peurs et de leur incompréhension quant aux divisions qu’ils ressentent au sein de la société.

"Suis-je devenu quelqu’un d’autre dans les yeux des autres personnes ?", s’est interrogé le blogueur Nourdeen Wildeman: "Sans aucun doute, le danger du groupe Etat islamique, d’autres groupes de terreur radicalisés, a fait en sorte que les gens se regardent différemment."

Le VVD en tête

Et pour ce jeune musulman dont les vidéos sont regardées par de nombreux internautes, "tenter de partager une identité, de créer une relation positive" est de la responsabilité de tous.

"Je vois aussi trop de musulmans qui s’isolent, qui vont se mettre dans un coin et pensent: +Cela passera+", a souligné le maire de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb, du Parti travailliste (PvdA), "mais cela ne passe pas parce que tu es un spectateur, tu es assis à l’arrière."

Dans ce pays qui s’est longtemps targué de sa tolérance multiculturelle, Geert Wilders avait entamé sa campagne à la mi-février par une attaque contre "la racaille marocaine" dont il a dit vouloir débarrasser son pays pour "le rendre au peuple néerlandais".

La population musulmane oscille entre 840.000 et 960.000 personnes, selon les estimations, soit 5% des 17 millions de Néerlandais. La plupart sont d’origine turque et marocaine, selon l’Office néerlandais des statistiques.

Dans le public, un citoyen s’est dit indécis quant à la case qu’il allait cocher sur le bulletin de vote, tandis qu’un autre s’est ouvertement présenté comme un électeur du PVV de Geert Wilders.

"Je vois de la discrimination et du racisme de tous les côtés", a-t-il réagi au débat, reprochant aux candidats politiques de se présenter en tant que Turc ou Marocain.

D’autres spectateurs étaient prêts à voter pour le PvdA ou pour Denk. Le numéro deux de cette formation, qui se présente comme un parti d’immigrés, a d’ailleurs été applaudi et acclamé tout au long du débat.

"Nous voyons que les gens sont moins acceptés", a déclaré Farid Azarkan, membre de Denk, crédité de deux sièges vendredi par les derniers sondages de l’institut Maurice de Hond. "40% des Turco et Maroco-Néerlandais disent: +Je ne me sens pas chez moi parce que je ne suis pas accepté.+"

Le VVD du Premier ministre libéral reste en tête dans ces enquêtes avec 24 sièges, talonné par le PVV de Geert Wilders et l’Appel chrétien démocrate (CDA), crédités tous deux de 22 sièges, ainsi que par les écologistes de GroenLinks avec 20 sièges sur les 150 que compte la chambre basse du parlement.

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