Mohammed VI, l’Afrique expliquée aux sceptiques

– Par Mustapha Tossa –

Fidèle à sa tradition de nommer les enjeux avec une clarté sans équivoque et une franchise qui devient sa marque de fabrique, le discours prononcé par Le Roi Mohammed VI à l’occasion de la célébration de la révolution du Roi et du peuple a tenu toutes ses promesses. Le souverain s’est attaché à dérouler un plaidoyer pour éclairer l’engagement du Maroc en Afrique. Un plaidoyer volontairement pédagogique destiné à lever les ambiguïté, à éclairer la stratégie et à construire les contours de la réelle motivation marocaine à l’égard de ce continent prometteur.

Quand Mohammed VI assène avec une grande sincérité cette vérité: « Le choix du Maroc de se tourner vers l’Afrique n’a pas été le fruit d’une décision fortuite (…) Il est plutôt le gage de notre fidélité à cette histoire commune, et l’expression d’une foi sincère dans la communauté de destin qui nous rassemble », il vise non seulement à redonner de la perspective historique à cette consolidation de l’appartenance africaine mais aussi à lever toute ambiguïté conjoncturelle.

Et parmi ses ambiguïtés, celle d’être un pays prédateur motivé par les seuls appâts du gain comme la posture d’autres puissances pourraient le suggérer. Ou celle d’un pays qui négligerait les enjeux de sa gouvernance nationale pourla poursuite d’un chimérique rêve africain.

Et le Roi du Maroc de tracer avec une grande précision les contours de ce partenariat original: « Le Maroc n’a jamais cherché à faire valoir l’argent comme monnaie de change dans ses rapports avec ses frères africains. Il a plutôt fait le choix de mettre son savoir-faire et son expérience à leur disposition, car Nous sommes persuadé que la vraie source de profit pour les peuples n’est pas l’argent précaire, mais l’essence impérissable de la connaissance ».

Cette stratégie contient l’essence de la plus-value que le Royaume du Maroc apporte à son équation africaine. Pas de prédation, mais une vraie politique de co-développement où chaque partie retrouve ses intérêts. Cette adresse royale était motivée par un désir de clarification à l’encontre de tout ceux qui instille le doute et font planer des ambiguïtés sur la démarche marocaine. A ceux lā, le message se veut limpide, sans concessions : « Quant à ceux qui, bien qu’au fait de la vérité, s’ingénient néanmoins à colporter nombre de mystifications, notamment que le Maroc débourserait des sommes considérables en Afrique, au lieu de les allouer aux Marocains, il est clair que ce n’est pas l’intérêt du pays qui les guide »

Ce message d’une fermeté aussi froide que déterminée est destiné à tous ceux qui sur la scène politique nationale commençait à exprimer des doutes quant à la pertinence de l’engagement marocain en Afrique. Certains poussés par un excès de démagogie et un populisme gratuit ont suggéré que certains priorités financières ou économiques injectés dans certains pays africains pouvaient handicaper une politique domestique de développement. Préjugé auquel le souverain a apporté une clarification inédite dans ses termes : « En réalité, l’orientation du Maroc vers l’Afrique ne changera rien à nos positions et ne se fera pas au détriment des priorités nationales. A l’inverse, elle apportera une plus-value à l’économie nationale et contribuera à renforcer les relations de notre pays avec sa profondeur africaine »

Le Roi du Maroc n’a pas manqué de souligner les bénéfices que le Royaume tire de cet engagement africain. Outre les gains économiques évidents à travers des projets gigantesques et structurants, il y a le bénéfice politique et diplomatique qui va changer la physionomie de la lutte du Maroc pour son intégrité territoriale. La diplomatie marocaine a réalisé de belles performances en Afrique qui après avoir fait de l’année 2106 une année de la fermeté fera de l’année 2017, « l’année de la clarté par excellence et du retour aux principes et aux termes référentiels retenus pour le règlement de ce conflit artificiel suscité autour de la marocanité du Sahara ».

Le discours de Mohammed VI célébrait les intenses retrouvailles du Maroc avec sa famille africaine. Outre qu’il a rappelé le cadre stratégique d’un tel engagement, le souverain a tenu à se livrer à un réelle exercice d’explications, de rappels et de pédagogie pour contrer les arguments de tous ceux, en interne comme à l’international qui sont tentés par leurs pulsions démagogiques. Un exercice salutaire qui redonne du sens et désarme les tentations populistes.

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