Manhasset : l’Algérie en désarroi et le polisario en ordre dispersé

La 9ème réunion informelle de négociations entre le Maroc et le polisario, qui s’est tenue à Manhasset, proche banlieue de New York, du 11 au 13 mars, s’est finalement soldée par un échec.Cette réunion, censée préparer un 5ème round de négociations a vu également la participation des délégations algérienne et mauritanienne en qualité d’observatrices.

A noter que cette 9ème réunion intervient après l’adoption par l’Assemblée Générale de l’ONU en septembre 2012 d’une résolution renouvelant son soutien au processus de négociations sur le Sahara marocain et appelant toutes les parties et les pays de la région à coopérer pleinement avec le médiateur onusien Monsieur Ross.Aussi, pour cette nouvelle rencontre le Maroc avait mis sur la table une solution de compromis qui devrait servir de base pour les négociations entre les parties. Cette solution repose sur une autonomie démocratique pour les provinces sahariennes sous souveraineté marocaine.D’ailleurs, la communauté internationale dans sa très large majorité, a qualifié cette proposition de sérieuse, crédible et réaliste. Elle offre, en outre, l’avantage, de permettre aux habitants de région du Sahara marocain d’exprimer librement leurs opinions dans un cadre démocratique.La proposition marocaine est doublement pertinente dans le sens où, en premier lieu, elle permet à la population sahraouie de gérer ses affaires internes dans le cadre de la régionalisation garantie par la Constitution marocaine, mais aussi, en second lieu, elle permet au Maroc de mieux gérer les évènements qui se déroulent dans la région sahélo-saharienne et en Afrique du Nord avec la recrudescence des conflits, la prolifération des armes, du terrorisme et de la criminalité transnationale.Toutefois, face à cette bonne volonté du Maroc, le polisario et l’Algérie s’évertuent à bloquer toute solution sans apporter de contre-proposition viable, acceptable par tous et en conformité aux résolutions onusiennes perspicaces en l’espèce.

Ce blocage algéro-polisarien stérile et non constructif peut s’expliquer facilement par le fait qu’il est l’expression du : 1/ désarroi des autorités algériennes en raison de ses problèmes internes qu’elles se doivent absolument d’occulter par un pseudo gain diplomatique,2/ manque de légitimité de la direction du polisario qui s’est présentée en ordre dispersé à cette réunion en raison des tensions et des dissidences dans ses rangs ainsi que d’un vent de liberté qui souffle au sein de la population sahraouie séquestrée à Tindouf.S’agissant du 1er point, il est permis d’affirmer que les autorités civilo-militaires éprouvent les plus grandes difficultés à organiser les législatives de mai prochain qui puissent garantir la triple contrainte, à savoir le maintien au pouvoir de l’actuel direction politique mais aussi la reconnaissance de sa légitimité aux plans interne et externe des résultats législatifs et partant de son prochain gouvernement..

En effet, tous les acteurs qui participeront à ce scrutin ont été trillés sur le volet par le pouvoir afin d’assurer la pérennité du régime place et de leurs intérêts financiers. C’est pourquoi, ce scrutin, bien qu’il soit probablement non truqué, n’en constituera finalement qu’une mascarade. Le peuple algérien en a déjà pris conscience et se prépare à boycotter et à rejeter ce scrutin et à faire son printemps. Les Kabyles et les partisans du FIS ont déjà annoncé la couleur, soit près de 60pc de la population algérienne.Dernier acte de rébellion en date, celui d’un citoyen algérien de Bab El Oued sur les plateaux de la télévision nationale où il déclare en direct, s’il vous plait, et je cite : « Nous n’allons pas voter. Je m’adresse au pouvoir : le peuple est accablé, alors si vous avez une conscience, si vous voulez lui rendre service, prenez vos siège avec vous et dégagez. Prenez tout ce que vous voulez et partez … Nous voulons un nouveau souffle … Même vos sièges ont en marre de vous. Lâchez prise ! Y’en a marre de vous … Vous avez tout pris : Et celui qui a fait main basse sur le bâtiment, et l’autre le foncier, un autre le pétrole, un autre encore les pipelines… Après on accuse Khalifa, on parle de détournements, on nous dit que les coupables ont été pris mais on ne voit jamais personne ! » Concernant l’implication douteuse de l’Algérie dans la question du Sahara marocain,

il est utile de rappeler que ce conflit artificiel n’a jamais reçu d’adhésion populaire des algériens qui s’en contrefichent. Seul le FLN moribond s’exprime encore sur ce lourd héritage et ce, que du bout des lèvres, quant aux autres partis politiques ils ont ouvertement déclaré leur désaccord sur la position algérienne et n’ont aucun contact avec le Polisario. En effet, la gestion de la question du Polisario a toujours été une chasse gardée du clan d’Oujda dirigé par le couple Boumediene-Bouteflika puis ensuite par les chefs de la Sécurité Militaire, qui se sont accaparés de ce dossier stratégique et lucratif où s’entremêlent diplomatie parallèle, fonds secrets et commerce d’armes. Pour ce qui est du second point, il est de notoriété publique que la direction du polisario est plus intéressée par la sauvegarde de ses intérêts propres que ceux de la population sahraouie qu’elle séquestre à Tindouf avec l’aide des autorités algériennes. D’ailleurs, la jeunesse sahraouie a célébré, le 5 mars 2012, le 1er anniversaire de la révolution sahraouie en se rassemblant devant le siège du front pour demander encore et toujours le départ des dirigeants du polisario et notamment de Mohammed Abdelaziz.

Cette jeunesse sahraouie a appelé la population des camps de la honte de Tindouf à s’engager dans cette révolution pour faire face à des dirigeants véreux dont la torture est la seule politique envers elle.Ainsi, après contesté vivement la reconduction de Mohamed Abdelaziz dans ses fonctions de chef polisario et de président de la RASD, les réfugiés sahraouis séquestrés depuis plus de 36 ans dans les camps de Tindouf, ont également dénoncé la confirmation, le 27 février dernier, du soit disant-ex-ministre de l’information, Khatri Adouh, dans les fonctions de président du conseil national sahraouiEn conséquence, les dirigeants actuels du polisario et des autres institutions du pseudo RASD sont tous des persona non grata aux yeux des sahraouis des camps de Tindouf. Par ailleurs, alors que le polisario subit de graves hémorragies de militants, dont des figures historiques du combat sécessionniste, qui rejoignent continuellement le Maroc, la déliquescence du pouvoir du polisario dans les camps de Tindouf, sujet à des soulèvements de la jeunesse sahraouie avide de liberté, se fait jour de plus en plus.Cette déliquescence du polisario conforte l’hypothèse que sa délégation présente à Manhasset ne représente aucunement la population sahraouie et ne peut donc parler en son nom.Il est devenu clair que la délégation sahraouie représente ses intérêts et ceux des autorités algériennes.Aussi, au regard de ce qui a été développé en supra, l’Algérie se trouve aujourd’hui face à ce double choix :A/ si son appel à l’unité du Maghreb est une réelle volonté politique, elle se doit donc de s’activer à favoriser une solution directe entre le Maroc et le polisario,2/ ou, si elle campe sur sa position, qui consiste à rejeter la proposition marocaine, dans ce cas, toutes ces sorties médiatiques de Medelci et de Bouteflika ne seront que du vent que la communauté internationale jugera.A noter que dans cette affaire, l’Algérie n’est pas sereine.Soutiens majeurs du Polisario, aidées par de puissants relais au sein de l’internationale gauchiste et communiste européenne, les autorités algériennes réalisent qu’elles n’ont plus le contrôle de la situation : la communauté internationale se montre de plus en plus favorable au plan marocain d’autonomie et le Maroc et ses alliés marquent aussi des points sur le front de la sécurité, face à l’AQMI.

En conclusion, placé en situation de déroute, tant sur le plan interne par ses difficultés à gérer le quotidien algérien et la péremption politique de Bouteflika que sur le plan externe, par la maîtrise d’œuvre marocaine, il ne reste au pouvoir algérien qu’une porte de sortie dans ce conflit : abandonner son intransigeance, laisser le Polisario négocier librement, seul et sans aucune contrainte, fermer les camps de Tindouf et ouvrir les frontières avec le Maroc.

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