Libye: le chef du gouvernement d’union tente d’asseoir son pouvoir à Tripoli

Le chef du gouvernement d’union nationale libyen, Fayez al-Sarraj, tentait jeudi d’installer son pouvoir à Tripoli, où des groupes armés se sont déployés pour le protéger des autorités non reconnues de la capitale qui l’ont sommé de partir.

Tripoli était calme au lendemain de l’arrivée de M. Sarraj, venu de Tunis à bord d’un navire militaire libyen qui a accosté à la base navale.

La situation s’était tendue mercredi soir lorsque des tirs d’origine indéterminée ont été entendus et des hommes armés sont entrés de force au siège d’une télévision dont la retransmission a été interrompue.

Mais jeudi, la capitale offrait un visage quasi-normal: les commerces et banques ont rouvert, des agents de police étaient postés aux carrefours et les vols ont repris à l’aéroport de Metiga après avoir été suspendus la veille pour "raisons de sécurité", ont constaté des journalistes de l’AFP.

"Les réactions sont meilleures que ce que nous espérions. La situation est bonne", s’est félicité un conseiller du chef du gouvernement.

L’arrivée à Tripoli de M. Sarraj et de plusieurs membres du conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale a été saluée comme une "étape importante dans la transition démocratique en Libye" par l’émissaire de l’ONU en Libye, Martin Kobler.

Elle a été également applaudie par les grands pays occidentaux qui souhaitent qu’une autorité unifiée s’affirme afin de sortir la Libye du chaos dans lequel elle se trouve depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011.

Cette stabilisation est jugée indispensable pour lutter, avec le soutien éventuel de pays étrangers, contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui s’est implanté autour de Syrte, à l’est de Tripoli.

– ‘Réconciliation’ –

Au cours de sa première intervention mercredi, M. Sarraj s’est engagé à faire de la "réconciliation et du règlement de la crise sécuritaire et économique" sa priorité.

Mais la tache qui l’attend est immense pour rapprocher les deux autorités basées dans l’ouest et dans l’est qui lui contestent le pouvoir.

Dans l’immédiat, sa priorité va être d’installer son administration à Tripoli, où il a prévu plusieurs déplacements jeudi hors de la base navale où il a passé la nuit, selon l’un de ses proches conseillers.

On ignore où siègera dans l’immédiat son gouvernement de 18 ministres, censés représenter les différentes composantes libyennes.

Ce gouvernement d’union a été mis en place après un accord politique signé fin 2015 au Maroc, sous l’égide de l’ONU, par des députés des deux Parlements rivaux et ce, malgré l’opposition des chefs de ces institutions.

Pour être officiellement investi, il devait obtenir la confiance du Parlement de l’est, basé à Tobrouk. Après plusieurs échecs faute de quorum, l’entrée en fonction du gouvernement a finalement été proclamée le 12 mars sur la base d’un communiqué de soutien publié par une centaine de parlementaires de Tobrouk (sur 198).

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’est réjoui mercredi que le gouvernement d’union puisse "commencer son travail crucial" pour la Libye. L’Union européenne a pour sa part appelé "les institutions et parties prenantes libyennes" à "travailler" avec ce gouvernement.

Mais la coalition de milices Fajr Libya qui contrôle Tripoli a dénoncé l’arrivée de M. Sarraj et de son gouvernement "illégal".

"Ceux qui sont entrés illégalement et clandestinement doivent se rendre ou revenir sur leurs pas", sinon ils devront "assumer les conséquences légales", a averti dans une allocution télévisée Khalifa el-Ghwell, le chef du gouvernement non reconnu.

L’arrivée de M. Sarraj a pourtant été saluée par certains habitants de Tripoli, qui ont laissé éclater leur joie en klaxonnant dans les rues.

D’autres craignent qu’elle ne relance les violences et les affrontements entre partisans des différents camps.

"Je viens de déposer ma fille à l’école. Tout semble normal mais nous restons sur nos gardes au cas où les choses ne dégénèrent", a témoigné jeudi matin Jamal, un résident.

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