En 2009, après avoir réussi le coup de force constitutionnel pour un troisième mandat, tout souriait à Bouteflika. Le cours du pétrole avait atteint le niveau historique de 140 $ le baril et les réserves de change frôlaient les 200 Md $. On pompait à tout va, quitte à précipiter l’épuisement rapide des réserves d’hydrocarbure. Les pronostics élaborés par les stratèges d’Al Mouradia auguraient d’une victoire éclatante contre l’ennemi marocain. La crise qui se déclare d’abord aux USA pour s’étendre ensuite à l’Europe allait, selon eux, emporter tous ceux sur qui le Maroc s’appuyait pour défendre son plan d’autonomie.
1er PARI PERDU : RAJOY
Zapatero était un grand ami du Maroc. La crise, qui a frappé l’Espagne de plein fouet, allait faire revenir au pouvoir par anticipation le Parti Popular en 2011. Le PP, du temps d’Aznar le belliqueux, s’était montré très proche d’Alger. On ne comptait plus les contrats gaziers. Alger se frottait les mains et voyait déjà l’Espagne se ranger du côté des positions algériennes.
Mais Rajoy, qui a réservé à Rabat son premier déplacement à l’étranger, n’a montré aucune animosité à l’égard du Maroc. Bien plus, sous Rajoy, l’Espagne a supplanté la France comme premier fournisseur du Maroc et la coopération s’annonce des plus prometteuses. La dernière visite du Roi Juan Carlos au Maroc a scellé définitivement la réconciliation maroco espagnole et les déclarations des responsables espagnoles vont tous dans le sens de la proposition marocaine.
2ème PARI PERDU : HOLLANDE
Sarkozy a fini par être détesté par tous les Algériens non pas à cause du Karcher, mais tout simplement, il ne cachait pas sa proximité avec le Maroc. Lorsque Hollande « l’algérien », a gagné les primaires socialistes, l’Algérie tout entière retenait son souffle. Les sondages donnaient Hollande largement gagnant, tous les algériens et franco-algériens s’activaient dans les coulisses. Avec Hollande, la victoire contre le Maroc était dans la poche.
A Alger, on prépare déjà les chevaux et les bendirs pour accueillir l’ami Hollande qui n’a pas hésité à donner la préséance à l’Algérie pour son premier voyage maghrébin. Le baise- main de Sassi n’est, en fait, que la manifestation d’un état d’esprit dans lequel s’étaient installés les faiseurs d’opinion en Algérie et leurs commanditaires anonymes.
Mais quelle fut leur déception lorsque François Hollande prononça son discours du 4 avril 2013 à Rabat, historique à plus d’un égard, où il déclare soutenir le plan d’autonomie présenté par le Maroc.
3ème PARI PERDU: OBAMA
Bouteflika était persuadé que la diplomatie américaine vis-à-vis du Sahara allait changer de cap avec l’arrivée d’Obama. Chakib Khélil l’américain, avait déjà déblayé le terrain. L’ami d’enfance, a reçu carte blanche pour puiser à tout va dans la rente pétrolière (tout en se servant au passage) afin d’arroser tout ceux qui pouvaient nuire au Maroc. Le tristement célèbre ministre du pétrole de l’Algérie indépendante, se mettait même à céder aux sociétés US une richesse stratégique pour l’Algérie et les contrats en faveur des sociétés US se chiffraient en milliards de dollars. La nomination d’Hillary Clinton, grande amie du Maroc, au poste de Secrétaire d’Etat a provisoirement contrarié tous les calculs.
Bouteflika, comme un vieux renard, savait être patient et attendre son moment. Le deuxième mandat d’Obama et la nomination de Kerry à la tête de la diplomatie américaine allait lui donner raison. Avec Ross et Kerry qui sont réputés tous les deux acquis à la cause polisarienne, il suffisait d’activer les lobbies pro algériens avant l’assaut final au Conseil de Sécurité de l’ONU. Le Maroc voyait venir le coup du mandat de la MINURSO, mais n’a pu l’esquiver que de justesse.
Les coups de bluff de Bouteflika ont fini par faire croire que la partie engagée contre le Maroc allait se jouer au KO en faveur de l’Algérie. Alger finira par emporter la mise, toute la mise, dans la poche de celui qui se considère comme le plus brillant diplomate de sa génération.
La réaction marocaine a été certes tardive mais efficace. Et les résultats obtenus vont au delà de toute espérance.
La déclaration de la Maison Blanche concernant le Sahara en ce jour mémorable du 22 novembre 2013 et le soutien sans équivoque d’Obama au plan d’autonomie, sonne le glas d’une diplomatie algérienne moribonde à l’image de son illustre représentant et fondateur.
Les révolutions arabes, l’instabilité au Sahel, a plongé la diplomatie algérienne dans un désarroi total. Qui parle encore du CEMOC ? N’est ce pas l’Algérie qui a favorisé volontairement ou involontairement, la prolifération des groupes terroristes au Sahel. N’a-t-elle pas accueilli en grande pompe des groupes terroristes à Alger en les traitant comme des interlocuteurs dignes de foi et de respect. Les maliens ont fini par détester l’Algérie et en Afrique, La diplomatie du chèque ne fonctionne plus.
Comment les algériens peuvent-ils encore croire un seul instant, que face au terrorisme et à la criminalité qui se sont installés au Sahel, avec quelque part la bénédiction d’Alger, la première puissance mondiale puisse considérer l’Algérie comme un allié stratégique et cautionner le risque d’une balkanisation de la zone sahélo-saharienne. Alors, lorsque Hollande dit qu’il fait confiance au Maroc et qu’Obama exprime sa foi dans le plan marocain et son admiration pour le leadership du Roi dans la région, cela se passe de tout commentaire.
La déception est bien grande en ce moment à El Mouradia. Depuis un an les mauvaises nouvelles se succèdent les unes après les autres. Prise d’otages à In Amenas, méga affaire de corruption à la Sonatrach, maladie paralysante d’un Président sénile candidat à un quatrième mandat, révoltes des jeunes chômeurs du sud algérien, des problèmes de société à la pelle, une transition qui s’annonce incertaine et la fin du pétrole qui s’approche à grande vitesse, font que l’horizon parait bien sombre sur les terres de chimères algériennes.