Les matières premières plongent, l’inquiétude sur l’économie chinoise grandit

Les cours des matières premières continuaient leur chute lundi, plombés par les inquiétudes sur l’économie chinoise, grande consommatrice de matériaux industriels, et la chute des marchés d’actions, qui fait souffler un vent de panique chez les investisseurs.

La Chine, deuxième économie mondiale et première consommatrice de métaux industriels, a vu la Bourse de Shanghaï plonger lundi de 8,49%.

"La dégringolade des matières premières s’explique par le pessimisme envers la Chine, dont les marchés d’actions sont en déroute", a expliqué à l’AFP Daniel Ang, analyste chez Phillip Futures à Singapour.

Ces inquiétudes font donc plonger le cours des matières premières, les investisseurs craignant que la demande pour ces produits ralentisse en même temps que l’activité industrielle chinoise.

Le prix du pétrole est ainsi passé sous 40 dollars le baril de "light sweet crude" (WTI) vendredi en séance à New-York, son plus bas niveau depuis six ans et demi. Lundi, le prix du baril de Brent de la mer du Nord coté à Londres évoluait sous les 45 dollars et celui du WTI américain sous le seuil de 40 dollars. Le prix du pétrole est lesté également par une production très forte.

Les autres matières premières indispensables à l’activité industrielle, comme le cuivre ou l’aluminium, ont elles aussi atteint un niveau très bas. Le cuivre –appelé aussi "Docteur Cuivre" en raison de son importance dans tous les secteurs de l’industrie– est passé sous les 5.000 dollars la tonne vendredi pour la première fois depuis la crise financière de 2009, alors que l’aluminium est tombé lundi à son niveau le plus bas en six ans.

L’indice Bloomberg Commodity Index, qui répertorie 22 matières brutes, a atteint lundi son plus bas niveau depuis août 1999.

A l’inverse, l’or, valeur refuge en temps de crise, reprenait des couleurs et remontait à son plus haut niveau depuis début juillet.

Crainte de l’effet domino

Les investisseurs commencent en effet à craindre qu’une faiblesse de l’économie chinoise puisse, par effet de domino, toucher toute l’économie mondiale.

Entre mi-juin et fin juillet, la Bourse de Shanghaï avait déjà perdu près de 30% de sa valeur, entraînant des mesures drastiques de la part du gouvernement pour enrayer la crise. Pékin avait ensuite dévalué trois fois de suite la monnaie nationale, le yuan, afin de relancer l’économie.

Ces mesures ont été interprétées par les investisseurs comme le signe d’une fragilité plus grande que prévu de l’économie chinoise, alimentant le pessimisme pour l’économie dans les autres régions du monde.

"La Banque centrale chinoise a spectaculairement échoué à stimuler son économie, toute la reprise européenne est basée sur un euro faible (une politique) qui a été sapée par la dévaluation du yuan et les États-Unis vivent actuellement la reprise la plus lente de leur histoire, malgré d’énormes aides", explique Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets.

Conséquence directe de ces inquiétudes, un vent de panique soufflait lundi sur toutes les places européennes. Paris perdait 2,90% à la mi-journée, Francfort 2,72%, Londres 2,54%, Madrid 2,52% et Milan 2,72%.

Pour autant, certains analystes ne cédaient pas au pessimisme général et estimaient au contraire que le cours des matières premières allaient se reprendre, alors que les fondamentaux économiques sont plutôt positifs.

"Les chiffres de la demande en juillet pour les matériaux de base sont robustes (…), la demande de cuivre raffiné a augmenté de 2% sur un mois et de 6% sur un an. Les autres chiffres montrent que la demande est plus forte que l’offre. Pour nous, c’est vraiment la spéculation qui est à l’origine de la chute des cours, ainsi que les mesures imposées par le gouvernement chinois" pour réguler le marché, expliquaient les analystes de Commerzbank.

"Nous ne voyons aucune justification dans les fondamentaux (du marché) à cette baisse des prix et en conséquence, nous nous attendons à ce que les prix repartent à la hausse dans le cours de l’année", concluaient-ils.

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