La Russie et les Etats-Unis appellent au cessez-le-feu au Nagorny-Karabakh

La Russie et les Etats-Unis ont appelé à un cessez-le-feu immédiat au Nagorny Karabakh, territoire disputé où au moins 30 soldats ont été tués dans des combats entre forces azerbaïdjanaises et arméniennes.

Ces affrontements, qui ont débuté dans la nuit de vendredi à samedi, sont les plus meurtriers survenus depuis 1994 dans cette région d’Azerbaïdjan à majorité arménienne qui a proclamé son indépendance en 1991 et que se disputent Bakou et Erevan.

Le président russe Vladimir Poutine a appelé samedi "les deux parties à un cessez-le-feu immédiat et à faire preuve de retenue pour éviter qu’il y ait de nouvelles victimes". Les ministres russes des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et de la Défense, Sergueï Choïgou, ont téléphoné à leurs homologues azerbaïdjanais et arménien.

A Washington, le secrétaire d’Etat américain John Kerry, condamnant "dans les termes les plus forts" les affrontements, a pressé les deux parties de "respecter strictement le cessez-le-feu". "Il n’y a pas de solution militaire à ce conflit", a déclaré le chef de la diplomatie américaine.

– Accusations mutuelles –

Arménie et Azerbaïdjan s’accusent mutuellement d’avoir déclenché les hostilités.

Selon Erevan, "l’Azerbaïdjan a lancé vendredi soir une attaque massive à la frontière du Nagorny-Karabakh avec chars, artillerie et hélicoptères".

Bakou a immédiatement démenti, assurant que ses forces n’avaient fait que répondre à une attaque venue du côté arménien.

Le président arménien Serge Sarkissian a déclaré lors d’une allocution télévisée qu’il s’agissait "des plus graves combats armés depuis l’instauration d’un cessez-le-feu en 1994".

"Au cours des combats avec les forces armées azerbaïdjanaises, de notre côté, 18 militaires arméniens ont été tués et environ 35 blessés", a déclaré M. Sarkissian.

Erevan a également annoncé la mort d’un garçon de 12 ans, touché par des tirs d’artillerie azerbaïdjanais qui ont aussi blessé deux civils dans un village de la frontière.

Sept civils ont été blessés au total, selon les autorités de cette région séparatiste soutenue par l’Arménie.

Selon le ministère azerbaïdjanais de la Défense, "douze soldats azerbaïdjanais ont été tués au combat et un hélicoptère a été abattu par les forces arméniennes".

Bakou a en outre indiqué qu’un civil avait été tué du côté azerbaïdjanais.

Les deux parties ont fait état en fin de journée d’une stabilisation de la situation.

"Au cours des deux dernières heures, la situation sur la ligne de confrontation s’est stabilisée. Les tirs ont cessé", a déclaré vers 18h30 GMT à l’AFP le porte-parole du ministère

azerbaïdjanais de la Défense Vaguif Diargakhli.

Erevan a assuré "avoir ramené la situation sous contrôle et infligé des pertes importantes" à l’armée ennemie. "La situation reste tendue", a toutefois estimé M. Sarkissian, qui présidait une réunion d’urgence de son gouvernement.

– ‘Entrer immédiatement en négociations’ –

M. Kerry et le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ont demandé aux belligérants "d’entrer immédiatement en négociations sous les auspices du groupe de Minsk".

Ce groupe de médiateurs internationaux réunis sous l’égide de l’OSCE a souligné sa "vive préoccupation" devant le risque d’une escalade.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a réclamé un "arrêt immédiat des combats". Il s’est dit "particulièrement préoccupé par l’usage d’armes lourdes et par le grand nombre de victimes, dont des civils".

La responsable de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, a elle aussi "appelé à la fin immédiate des combats et au respect du cessez-le-feu" de 1994, de même que le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjoern Jagland, et le président français, François Hollande.

Le Nagorny-Karabakh, rattaché à l’Azerbaïdjan à l’époque soviétique, a été entre 1988 et 1994 le théâtre d’une guerre qui a fait 30.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés, principalement des Azerbaïdjanais. Il est désormais peuplé majoritairement d’Arméniens.

Malgré la signature en 1994 d’un cessez-le-feu, aucun traité de paix n’a été signé.

L’Azerbaïdjan menace périodiquement de reprendre par la force la région séparatiste si les négociations n’aboutissent pas. L’Arménie estime pour sa part qu’elle pourrait faire face à toute offensive.

En 2014, les tensions entre les deux pays s’étaient intensifiées avec, en novembre, le crash d’un hélicoptère arménien abattu par les forces azerbaïdjanaises et la mort des trois membres de son équipage, selon les médias arméniens. Depuis, des accrochages armés ont régulièrement lieu.

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