Israël: des centaines de jeunes colons résistent à l’évacuation

Les policiers israéliens se sont empoignés mercredi avec des centaines de jeunes colons résistant à l’évacuation de la colonie d’Amona et indifférents à l’annonce d’une nouvelle phase de colonisation en territoire palestinien occupé, la quatrième du genre depuis l’investiture de Donald Trump.

Les policiers, mobilisés par centaines, ont appliqué une décision de la justice israélienne et entrepris de faire partir les quelque 200 à 300 habitants de cette colonie de Cisjordanie occupée, proche de la ville palestinienne de Ramallah.

Ils ont fait face à la résistance de centaines de jeunes hommes, pour une grande part des adolescents venus des colonies voisines avec de fortes convictions religieuses et la certitude que ces terres sont israéliennes.

Les jeunes ont brûlé ce qui leur tombait sous la main, dressé des barricades de fortune et fait barrage de leurs corps pour empêcher la progression des policiers. Plusieurs ont lutté corps à corps avec les hommes en uniforme.

Ces derniers, faisant preuve d’une retenue pas toujours coutumière selon les connaisseurs, ont fini par plaquer au sol et interpeller plusieurs contestataires, parfois transportés par les bras et les jambes.

"Comment tu te sentiras demain après avoir chassé un juif de sa maison", demandait à un policier un jeune dans un groupe défiant les forces de l’ordre.

"Aujourd’hui, c’est mon tour. Demain, ce sera le tien", scandaient ses camarades, faisant référence au fait que, parmi les policiers, certains habitaient probablement eux-mêmes dans des colonies, ces implantations civiles israéliennes en territoire occupé et illégales au regard du droit international.

Israël pour sa part fait une distinction entre les colonies qu’il a validées et les autres, dites sauvages. Parmi les colonies "sauvages", Amona occupe une place à part dans la conscience israélienne.

Enjeu d’une bataille politique et légale de plusieurs années, Amona est vouée à la démolition sur décision de la Cour suprême israélienne, qui l’a jugée illégale parce que construite sur des terres privées palestiniennes. Mardi, les autorités ont intimé aux colons d’évacuer sous 48 heures.

Les habitants, qui ont presque toujours vécu là, ont toujours refusé de partir de leur plein gré. Selon eux, toute la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, appartient à la terre biblique d’Israël. Ils se sentent trahis par leur propre gouvernement.

Les policiers allaient de maison en maison, essayant de convaincre péniblement les uns et les autres de monter dans des bus. Une femme peinait à retenir ses larmes en sortant de la maison pour la dernière fois avec son bébé.

– L’appel d’air Trump –

Malgré le psychodrame, le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu a toutefois réussi à éviter un déchaînement potentiellement dévastateur d’un point de vue politique.

Le gouvernement, y compris les plus ardents défenseurs de la colonisation en son sein, ont signifié aux habitants d’Amona qu’ils n’avaient plus d’autre choix que d’évacuer sans violence.

Mais il a dans le même temps promis de poursuivre l’entreprise de colonisation.

"Oui, Amona va être détruite mais nous allons construire 3.000 logements", disait à Amona le député Moti Yogev, membre du Foyer juif, partenaire de la coalition gouvernementale de M. Netanyahu, l’une des plus à droite de l’histoire.

Dans la nuit, le gouvernement a annoncé la construction de 3.000 logements supplémentaires en Cisjordanie, qui ressemble fort à un gage de plus donné au lobby des colons.

Le gouvernement s’est engouffré dans l’espace ouvert par l’avènement de M. Trump, jetant aux orties la relative retenue observée dans leurs activités de colonisation au cours des dernières semaines de la présidence de Barack Obama.

Depuis le 20 janvier et la prestation de serment du nouveau président américain, Israël a annoncé la construction de plus de 6.000 logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, occupée et annexée.

La communauté internationale et les Palestiniens s’alarment de cette rafale d’annonces.

Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence palestinienne, a dénoncé une "campagne féroce de colonisation israélienne violant le droit international". Il en a appelé à la nouvelle administration américaine pour qu’elle freine cette politique visant à "détruire le processus de paix".

Tandis que l’administration Obama avait critiqué et tenté de freiner jusqu’au bout la colonisation, l’administration Trump s’est jusqu’à présent signalée par son silence.

Une grande partie de la communauté internationale considère les colonies comme un obstacle majeur à la paix entre Israéliens et Palestiniens.

Environ 400.000 colons israéliens mènent une coexistence souvent conflictuelle avec 2,6 millions de Palestiniens en Cisjordanie.

afp

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