France: Macron candidat à la présidentielle contre « le système »

Emmanuel Macron a levé mercredi à Bobigny le faux suspense en annonçant sa candidature à l’élection présidentielle, en opposition au « système », compliquant encore les projets de son parrain en politique, François Hollande.

Dans une déclaration solennelle d’une vingtaine de minutes, l’ancien ministre de l’Economie a souligné "l’opportunité" offerte par l’élection présidentielle "pour choisir d’avancer".

"Ce combat que nous devons livrer pour faire réussir notre pays, il commencera en mai 2017", a-t-il poursuivi. "Pour le mener, la responsabilité du président de la République est immense et j’en suis pleinement conscient (…) C’est pourquoi je suis candidat à la présidence de la République", a-t-il dit, mettant fin à un faux suspense de plusieurs semaines.

Il faut "une expérience qui a été éprouvée par le temps" pour gouverner et "refuser les aventures individuelles", a aussitôt relevé un de ses principaux rivaux, Manuel Valls.

Le fondateur d’En marche!, qui a toujours revendiqué son anticonformisme et sa liberté jusqu’à sortir avec fracas du gouvernement fin août, avait choisi un décor déroutant pour se lancer: un atelier mécanique d’un centre de formation. Une symbolique forte pour celui qui a encore martelé "refuser" le "système", se plaçant hors de la logique des partis.

Contre la fatalité d’une France "bloquée par les corporatismes de tous ordres", "en déclin", persuadée que "le pire est à venir", l’ancien banquier d’affaires de 38 ans s’est dit "convaincu que notre pays a la force, le ressort, l’envie d’avancer".

"Nous sommes entrés dans une ère nouvelle: la mondialisation, le numérique, le changement climatique, les inégalités croissantes, les conflits géopolitiques, le terrorisme, la crise démocratique des sociétés occidentales, le doute qui s’installe au coeur de nos sociétés", a-t-il égrené. "Ce sont les symptômes d’un monde en plein bouleversement. Cette grande transformation que nous sommes en train de vivre, nous ne pouvons y répondre avec les mêmes hommes et les mêmes idées."

En réaction, M. Macron, sous les yeux de son épouse Brigitte, a dit vouloir "une France qui croit en ses chances, qui risque, qui espère (…) une France entreprenante où chacun choisit sa vie. Et une France qui considère les plus faibles." Il a placé sa candidature "sous le signe de l’espérance".

– Le plus dur reste à venir –

Emmanuel Macron © Thomas SAINT-CRICQ, Jean Michel CORNU, Vincent LEFAI, Iris ROYER DE VERICOURT AFP
Emmanuel Macron © Thomas SAINT-CRICQ, Jean Michel CORNU, Vincent LEFAI, Iris ROYER DE VERICOURT AFP

Désormais lancé, M. Macron, dont le mouvement revendique quelque 100.000 adhérents gratuits, fait face au plus dur.

Dans les prochains mois, il devra partir à la chasse aux 500 parrainages requis et intensifier sa recherche de financements, alors qu’il a récolté pour l’heure 2,8 millions d’euros, loin des 9 millions visés.

Et s’il a fixé comme enjeu de "rassembler les Français", il doit déjà affronter, outre la remarque du Premier ministre, un feu roulant de critiques.

"C’est très embêtant", a constaté le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, redoutant une élimination de la gauche dès le premier tour.

François Hollande, à Marrakech pour la COP22, n’a pas regardé la déclaration de son ancien protégé: il rencontrait au même moment des ONG, selon l’Elysée.

"L’enjeu (pour 2017), c’est le rassemblement, c’est la cohésion", la gauche ne pouvant pas être au "rendez-vous" de la présidentielle "si elle n’est pas rassemblée", avait averti la veille le chef de l’Etat, qui doit dire d’ici un mois s’il brigue un nouveau mandat en dépit de ses mauvais sondages.

A droite, le favori de la primaire Alain Juppé a invité à "ne pas être naïf" face à un candidat qui se présente en "chevalier blanc", alors qu’il "a totalement cautionné la politique économique menée depuis 2012".

Engagé dans la primaire organisée par le PS, Arnaud Montebourg dénigre "le candidat des médias", qui doit encore "démontrer qu’il a des propositions pour transformer le pays", quand Marine Le Pen y voit le "candidat des banques".

L’ancien ministre Jack Lang a attaqué sur un registre plus personnel: "Voilà une personne qui voici deux ans était encore inconnue au bataillon. Elle n’a émergé à la vie publique que par la volonté du président de la République et du Premier ministre. Qui a trahi, trahira."

Source AFP

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