"Choc" pour la gauche, "discrédit" pour la droite: l’arrestation puis l’inculpation dimanche du directeur général du Fonds monétaire international pour "agression sexuelle, séquestration de personne et tentative de viol" sur une femme de chambre dans un hô tel a provoqué un séisme politique.
Dominique Strauss-Kahn, par la voix de son avocat américain, a nié ces accusations.
A 62 ans, cet ancien avocat d’affaires, économiste reconnu et réputé séducteur, représentait potentiellement le plus grand danger pour Nicolas Sarkozy à la présidentielle d’avril et mai 2012 même si les deux hommes n’ont pas officiellement annoncé leur candidature.
Le gouvernement français a appelé dimanche à respecter la "présomption d’innocence", a déclaré son porte-parole François Baroin.
Mais les réactions laissaient peu de doute quant à l’avenir politique de cet ancien ministre de l’Economie.
La gauche, y compris parmi ses concurrents, se disait sonnée même si elle appelait à la "retenue" et insistait sur la nécessité de "tout vérifier".
C’est un "coup de tonnerre. Je suis moi-même, comme tout le monde, totalement stupéfaite", a déclaré la dirigeante socialiste Martine Aubry en demandant "aux socialistes de rester unis et responsables".
C’est une "terrible nouvelle", a réagi son prédécesseur Français Hollande, jugeant qu’il était "trop tôt" pour dire les conséquences de cette affaire sur la campagne.
Dans son camp, Dominique Strauss-Kahn était donné d’avance gagnant de la primaire prévue en octobre pour désigner le candidat du PS à la présidentielle.
Sa probable non-candidature change le jeu au sein du parti, laissant la place belle à ses deux principaux rivaux: François Hollande, valeur montante du PS déjà en lice, et Martine Aubry, qui se prépare à être candidate.
"Je ne pense pas, sauf si on découvrait quelque manipulation dans cette affaire, qu’il soit candidat aux élections présidentielles. Donc les choses vont changer, on va avoir une candidature de Martine Aubry contre François Hollande", a estimé sur Europe 1 Jacques Attali ancien conseiller influent de l’ancien président François Mitterrand.
Son affaiblissement profite surtout au camp du pouvoir et remet à plat la donne présidentielle alors que toutes les récentes enquêtes d’opinion donnaient DSK gagnant face à Nicolas Sarkozy, qui devrait se représenter en dépit d’une cote de popularité au plus bas.
Certains à droite, au centre et à l’extrême droite n’hésitaient pas à déclarer M. Strauss-Kahn hors jeu pour 2012.
C’est un "homme peu recommandable", "totalement déconsidéré", cette affaire est "très humiliante pour notre pays", a réagi le député du parti au pouvoir UMP (droite) Bernard Debré.
Il est "définitivement discrédité comme candidat à la plus haute fonction de l’Etat", a estimé sur RTL la présidente du Front National (extrême droite) Marine Le Pen.
"Tout cela est confondant, navrant et infiniment troublant", a commenté le centriste François Bayrou, arrivé en 3ème position à la dernière présidentielle et vraisemblable candidat à la prochaine, évoquant les conséquences pour l’homme, son parti et "l’image de la France dans le monde".
Depuis 2008 et une liaison extra-conjugale de Dominique Strauss-Kahn avec une ex-responsable du département Afrique du FMI, Piroska Nagy, la droite laisse entendre que le côté séducteur du patron du Fonds est son talon d’Achille.
L’institution financière avait alors commandé une enquête pour abus de pouvoir sur DSK avant de le blanchir, mais elle lui avait reproché une "grave erreur de jugement".
Ces dernières semaines, Dominique Strauss-Kahn était déjà la cible de vives critiques d’une partie des médias qui ont épinglé son train de vie dans une France en crise.