Coronavirus: l’Italie dépasse 4.000 morts, des Etats américains en confinement

L’Italie a passé vendredi la barre des 4.000 morts dans le cadre de la pandémie de coronavirus qui a poussé l’État américain de New York, après la Californie, à décréter le confinement total de sa population alors que plus de 800 millions de personnes sont appelées à rester chez elles dans le monde.

Les deux États américains, poumons économiques du pays, ont ordonné l’arrêt de toutes les activités non essentielles et l’interdiction des rassemblements. L’ordre s’applique à quelque 60 millions de personnes, dont les métropoles de Los Angeles et New York, ou la Silicon Valley.

L’Illinois, qui compte la troisième ville du pays Chicago, a aussi décrété un « rester-chez-soi » légèrement moins restrictif.

Mais le président Donald Trump a écarté l’idée d’un confinement au niveau fédéral. « Je ne pense pas que nous jugerons cela nécessaire un jour », a-t-il dit, soulignant que les deux États étaient « deux points chauds (…) Mais si vous allez dans le Midwest ou ailleurs, ils regardent tout cela à la télévision et n’ont pas les mêmes problèmes ».

Washington a toutefois annoncé la fermeture des frontières avec le Mexique comme avec le Canada pour tous les voyages non essentiels.

Dans le monde, le coronavirus a fait au moins 11.129 morts depuis son apparition en décembre, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles vendredi à 19h00 GMT, dont près de 6.000 en Europe, nouvel épicentre de la maladie.

Les évangélistes en soutien

L’Italie, placée en confinement généralisé depuis une semaine, affiche un bilan particulièrement sinistre: 627 décès ces dernières 24 heures, un record portant le bilan du pays au-delà des 4.000 morts.

Rome envisage d’adopter rapidement de nouvelles mesures plus restrictives, notamment sur les activités de plein air, afin de dissuader encore davantage la population de sortir.

En Lombardie, région la plus touchée avec plus de 2.500 morts, l’association humanitaire évangéliste américaine Samaritan’s Purse a installé un hôpital provisoire avec une unité de soins intensifs à Crémone, pour aider les établissements locaux débordés par l’afflux de malades.

Et le nombre de prêtres morts du coronavirus, après avoir béni les patients dans les hôpitaux, s’allonge de jour en jour.

L’Espagne a dépassé la barre des 1.000 décès et se prépare au pire avec près de 20.000 cas.

L’Iran, un des trois pays les plus touchés par la pandémie, a passé vendredi un Nouvel An morose avec un bilan qui ne cesse de s’alourdir (1.433 morts), sans pour autant dissuader des millions de gens de se déplacer.

Alors que l’ONU a souligné la perspective d’une flambée de Covid-19 dans les pays du tiers-monde mal équipés pour y faire face, les grands pays occidentaux imposent les uns après les autres des politiques de confinement qui semblent avoir porté leurs fruits en Chine, où le nombre des contaminations s’effondre.

Le gouvernement britannique a ordonné la fermeture des pubs, restaurants, cinémas, salles de gym et théâtres. La Belgique a décidé de fermer ses frontières pour tout déplacement « non essentiel », mais pas pour le fret. La Bavière, Etat régional le plus peuplé d’Allemagne (13 millions d’habitants) et la Sarre ont décrété le confinement général.

La mesure est décidée ailleurs dans le monde comme en Tunisie, où les autorités n’ont pas précisé la date de son entrée en vigueur ni sa durée. Le couvre-feu a été imposé en Haïti, en République dominicaine voisine, et à partir de samedi en Jordanie.

« Tous en quarantaine »

Plus de 800 millions de personnes dans le monde sont actuellement appelées à rester chez elles dans plus de 30 pays, que ce soit dans le cadre de confinements obligatoires, de recommandations ou de couvre-feu, selon un décompte réalisé par l’AFP.

« Nous sommes tous en quarantaine », a martelé le gouverneur de l’État de New York, Andrew Cuomo, alors que le nombre de cas a connu une nette accélération ces dernières heures.

L’armée américaine s’est dite prête à transformer « en trois à quatre semaines » près de 10.000 lits d’hôtels ou de dortoirs de New York en lits d’hôpital en cas d’afflux de malades.

Mais le confinement est difficile à appliquer dans des endroits très vulnérables comme dans les immenses bidonvilles asiatiques ou les prisons égyptiennes surpeuplées et à l’hygiène douteuse.

En Afrique du Sud, même si seulement 200 cas sont pour l’instant recensés, 60 % des 56 millions d’habitants pourraient être à terme contaminés, estiment les autorités.

En outre, trois milliards de personnes n’ont même pas les armes les plus basiques contre le virus, l’eau courante et le savon, s’alarment des experts des Nations unies, qui craignent la perte de « millions » de vies.

Qualifié d' »ennemi de l’humanité » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’épidémie de Covid-19 a jusqu’à présent contaminé près de 260.000 personnes dans le monde, selon les derniers chiffres recensés.

Vendredi, le chef de l’agence onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a mis en garde les jeunes, souvent jugés insouciants face au risque viral: « Vous n’êtes pas invincibles », a-t-il lancé.

Sur une note plus optimiste, il a parlé d' »espoir » à propos de la situation à Wuhan, la ville chinoise berceau de l’épidémie où aucun nouveau cas d’origine locale n’a été enregistré depuis jeudi.

« Wuhan donne de l’espoir au reste du monde en montrant que même la situation la plus grave est réversible », s’est-il félicité.

Grâce à cette amélioration, des dizaines de milliers de Chinois – étudiants, professionnels, sportifs – à l’étranger, notamment en Europe, veulent désormais « rentrer à la maison », même s’ils sont confrontés à la méfiance d’une partie de leurs compatriotes.

La Chine est désormais capable d’envoyer dans le reste du monde ce matériel qui fait souvent défaut : un avion a livré vendredi en République tchèque plus d’un million de masques de protection respiratoire.

« Pleine responsabilité »

Au-delà du drame sanitaire, le nouveau coronavirus risque de plonger le monde dans la récession, malgré les milliers de milliards débloqués en urgence aux Etats-Unis et en Europe.

Le gouverneur de New York Andrew Cuomo a ainsi assumé « la pleine responsabilité » des « conséquences négatives pour l’économie » des mesures de confinement, alors que la Californie et New York pèsent près du quart du produit intérieur brut américain (22,3 % en 2018).

L’Union Européenne a annoncé vendredi une suspension des règles de discipline budgétaire, une mesure inédite qui permettra aux Etats membres de dépenser autant que nécessaire pour lutter contre les conséquences économiques du coronavirus.

Dans le même temps, la Banque centrale européenne a allégé les exigences en fonds propres des banques en zone euro afin qu’elles puissent prêter 1.800 milliards d’euros supplémentaires aux ménages et aux entreprises.

Jusqu’à 25 millions d’emplois sont menacés en l’absence de réponse coordonnée à l’échelle internationale, a averti l’Organisation internationale du travail.

Aux États-Unis, malgré les embauches massives annoncées par les géants de la distribution, les données officielles indiquent une augmentation sans précédent des licenciements.

Les marchés montraient toutefois un regain de confiance vendredi après un début de semaine cauchemardesque, les investisseurs misant sur l’effet des plans de relance annoncés.

Hong Kong a pris plus de 5 % en clôture. En Europe, la tendance à la hausse se poursuivait à Paris (+5,01 %) et à Francfort (3,70 %). La progression a été moins forte à Londres (+0,76 %), à Milan (+1,71 %) et à Madrid (+0,74 %). En revanche, Wall Street a de nouveau fini dans le rouge (-4,55 % pour le Dow Jones), achevant sa pire semaine depuis la crise financière de 2008.

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