Après le choc de l’attentat de Nice, le profil de l’agresseur se précise

Au lendemain de l’attentat jihadiste contre une église de Nice, le profil de l’agresseur et des trois victimes de cette attaque au couteau se précise, tandis que le gouvernement français renforce la surveillance du territoire, des lieux de culte aux établissement scolaires.

Si les motivations de l’agresseur, Brahim Issaoui, un Tunisien de 21 ans, sont encore inconnues, son parcours est moins flou. De sources française et italienne, il est arrivé clandestinement en Europe par l’île italienne de Lampedusa, le 20 septembre. Puis il a débarqué sur le continent, à Bari (Italie), le 9 octobre, où il aurait reçu un ordre de quitter le territoire sous sept jours.

Sa trace est alors perdue, jusqu’à mercredi, quand il appelle son frère Yassine, à Sfax, en Tunisie. « Il est arrivé en France (mercredi) aux alentours de 20h00. Il a dit qu’il allait en France car pour le travail c’est mieux », a raconté vendredi Yassine Issaoui à l’AFP, incapable de comprendre la dérive de ce frère qu’il avait vu se tourner vers la religion depuis environ deux ans, après avoir lancé un petit débit d’essence informel.

De source proche de l’enquête, on table aussi sur une arrivée du jeune homme à Nice « 24 à 48 heures avant l’attaque ».

Puis c’est à 08h29, jeudi, qu’il est vu entrant dans la basilique Notre-Dame de l’Assomption de Nice. A 08h57, il est neutralisé par une équipe de la police municipale. Grièvement blessé, il est actuellement soigné au CHU Pasteur, avant de pouvoir être interrogé par les enquêteurs. En moins d’une demi-heure, il a tué trois personnes.

Parmi eux, Vincent Loquès, le sacristain de la basilique, un quinquagénaire père de deux filles, divorcé et remarié. Il devait fêter ses 55 ans ce vendredi. Très bricoleur, après avoir travaillé dans le bâtiment, c’est lui qui comme tous les ans devait monter la crèche de Noël.

Simone Barreto Silva, la seconde victime, une Brésilienne célibataire de 44 ans, mère de trois enfants, vivait depuis quelques années à Nice, dans le quartier populaire de Gambetta. Ancienne danseuse de samba, elle rêvait d’ouvrir son restaurant, après avoir suivi une formation.

Le nom de la troisième victime, une femme de 60 ans, n’a pas été révélé, mais les enquêteurs savent qu’il s’agit d’une dame mariée, mère d’enfants aujourd’hui adultes, qui fréquentait régulièrement la paroisse de Notre-Dame de l’Assomption.

L’assaillant a-t-il agi seul ? De source proche de l’enquête, l’homme de 47 ans arrêté jeudi soir, soupçonné d’avoir été en contact avec le jeune Tunisien, ne serait en fait pas lié à ce dossier. Mais la recherche d’éventuels complices pourrait avancer grâce aux deux téléphones portables retrouvés près de Brahim Issaoui, avec un coran.

 La menace est partout

Du côté du gouvernement, le Conseil de défense réuni vendredi a acté la mise à disposition des préfets dès lundi de 7.000 membres des forces de l’ordre, pour moitié des gendarmes réservistes, pour assurer la sécurité, a indiqué le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Le renforcement des mesures de sécurité autour des lieux de cultes chrétiens sera « fort » en ce week-end de la Toussaint. les établissements scolaires seront aussi particulièrement protégés alors que la rentrée des vacances aura lieu lundi.

Deux semaines après l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty, décapité pour avoir montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet, dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression, la tension est grande entre la France et une partie du monde musulman.

« La menace est partout », a martelé le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, à l’attention des Français de l’étranger.

Après l’attaque d’un vigile du consulat de France à Jeddah en Arabie saoudite, annoncée jeudi, des heurts ont éclaté vendredi à Beyrouth, à proximité de la résidence de l’ambassade de France.

« On passe vite de la haine virtuelle à la violence réelle, et nous avons décidé de prendre toutes les mesures pour assurer la sécurité de nos intérêts, de nos ressortissants », a insisté M. le Drian.

 

« Guantanamo à la française »

Sur le sol français, de nombreux élus, à droite principalement, appellent à un changement des lois face à ces attaques.

Le maire LR de Nice, Christian Estrosi a indiqué à la radio Europe 1 qu’il souhaitait « modifier la Constitution » pour pouvoir « mener la guerre » contre une idéologie qu’il qualifie d' »islamo-fascisme ». Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, a lui appelé sur Cnews à la création d' »un Guantanamo à la Française ».

« Nous ne sommes pas en guerre contre une religion mais contre une idéologie, l’idéologie islamiste », a précisé le ministre de l’Intérieur.

Après l’attentat de Nice, les messages de soutien à la France sont venus du monde entier, des Etats-Unis au Moyen-Orient, de l’Europe à l’ONU.

A Nice, ville qui compte une forte communauté originaire du Maghreb, les sentiments sont partagés. De la colère voire de la haine, chez ces quelque 200 identitaires qui ont manifesté dès jeudi soir, aux cris de « l’islam dehors ». Mais aussi des appels à la tolérance, comme celui de Virginie, aide à domicile de 37 ans: « Ca rappelle 2016 et le 14 juillet, mais il faut rester intelligent ».

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