"C’est grâce à la persévérance de mon père, qui a tout fait pour que je guérisse et à l’assistance, sans faille, de l’équipe du service ophtalmologique du CHU de Beni Messous que j’ai recouvert l’usage de mes yeux après deux années de cécité", confie avec émotion à l’APS Ahlem Benyatou, mère d’un enfant de 11 mois et habitant à Chlef.
Pour Ahlem, ces deux années avaient été les plus terribles de sa vie. Sa maladie se déclara en juillet 2008. Elle commençait d’abord à voir flou et son médecin lui prescrivit alors des médicaments qui lui avaient permis de reprendre progressivement une vision normale.
Mais le problème ressurgit deux autres fois et une troisième, la plus grave, 4 mois après son mariage. Par peur de se voir rejeter par sa belle famille, elle n’osa pas dévoiler son mal. Mais sa vue baissa sensiblement jusqu’à ne plus pouvoir distinguer les choses.
Son père, Mohamed, qui accompagna sa fille au CHU pour un contrôle, raconte qu’il n’a cessé, depuis le début de cette tragédie, de frapper à toutes les portes à Chlef et à Oran.
"Ces yeux ne distinguaient plus ni forme, ni couleur. Je redoutais une cécité irréversible. Elle consulta certains praticiens qui ne semblaient pas préoccupés par son sort, ni véritablement inquiets. Le sens de la vue est un des plus importants et je suis outré de voir que des professionnels de la santé puissent réagir avec autant d’indifférence", s’indigne-t-il.
Par désespoir, il la présenta à un "guérisseur" de la région de Chlef.
"Cette personne me tapa à la tête à plusieurs reprises en proférant des menaces à l’encontre de démons", narre Ahlem, suppliant son père de ne plus être confrontée à ce genre de séances traumatisantes.
A Béni Messous, l’espoir revint
Alors il emmena sa fille à l’hôpital de Béni Messous. "Là on l’avait prise en charge de suite", se félicite son père qui rend hommage à tout le personnel du service ophtalmologie qui n’a ménagé aucun effort pour lui prodiguer les soins nécessaires.
On diagnostiqua une cataracte (opacification du cristallin : petite lentille située derrière la cornée qui focalise les rayons lumineux sur la rétine) ainsi qu’une uvéite (inflammation de l’uvée).
Enceinte, les chirurgiens ophtalmologistes préférèrent attendre que la jeune femme accoucha pour éviter les complications. Plus de dix mois après la naissance du bébé, on décida de l’opérer.
L’opération consistait à lui enlever le cristallin opaque pour le remplacer par un autre artificiel (un implant spécial acheté à Oran par le père d’Ahlem pour la somme de 17.000 DA).
Cet acte chirurgical est des plus compliqués car il fallait d’abord remplacer le cristallin opacifié pour pouvoir voir minutieusement à l’intérieur de l’œil et savoir si l’inflammation de l’uvée n’avait pas provoqué d’autres séquelles, explique le Dr Farida Limane, maître assistante au service femme ophtalmologie, membre de l’équipe ayant opéré Ahlem.
Elle avait au moins une uvéite antérieure. C’est une pathologie qui évolue par poussées. Elle survient puis disparaît et réapparaît. Dans son cas, elle avait été soignée la première fois, mais le fait qu’elle ait eu d’autres poussées cela aurait pu laisser d’autres séquelles.
Les complications peuvent créer aussi des glaucomes (augmentation de la tension au niveau de l’œil qui peut écraser le nerf optique provoquant ainsi la baisse de la vision), relève-t-elle, appelant à consulter un médecin dès l’apparition d’une rougeur ou d’une douleur au niveau de l’œil. L’uvéite peut être contractée par un simple abcès dentaire mal soigné par exemple.
Ahlem renaît de nouveau
Ahlem, son bébé dans ses bras, raconte que dès qu’on lui retira les pansements des yeux, elle fut impressionnée par le vert des arbres et par la beauté de ce qui l’entourait. Maintenant qu’elle voit de nouveau, elle espère pouvoir s’occuper de son fils qu’elle n’a pas vu naître.
"Lorsque mon bébé commença à ramper, je devais lui attacher une clochette au pied pour pouvoir le surveiller. Je pensais, alors, que je demeurerais dans le noir à vie. Personne ne croyait plus à ma guérison", dit-elle en sanglots.
"Mais j’ai énormément foi en Dieu, et j’ai fait confiance à l’équipe médicale du CHU de Beni Messous qui m’a remonté le moral et beaucoup soutenue, notamment la responsable de l’unité service femme Hamida Khelifa".
Depuis qu’elle voit à nouveau, Ahlem a confiance en elle et croit en l’avenir. Elle est une source de fierté pour le staff médical, qu’elle motive, et une bénédiction pour les patients qu’elle encourage et soutient avant les opérations.
(Avec APS)