Agression d’un cadre du PS: le député M’jid El Guerrab mis en examen pour « violences avec arme »

Le député REM M’jid El Guerrab a été mis en examen samedi à Paris trois jours après l’agression à coup de casque d’un cadre du PS, Boris Faure, sur fond de différends politiques.

Après 24 heures de garde à vue, le député de 34 ans a été présenté samedi au juge d’instruction qui l’a mis en examen pour "violences volontaires avec arme par destination ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à 8 jours", a indiqué une source judiciaire.

Le député de la 9e circonscription des Français de l’étranger (Maghreb, Afrique de l’Ouest) est soupçonné d’avoir porté mercredi deux violents coups de casque de scooter à Boris Faure, premier secrétaire de la fédération PS des Français de l’étranger.

"M. El Guerrab regrette naturellement la tournure prise par les événements. Il est choqué par cette situation et réaffirme qu’il n’est pas à l’origine de l’altercation", a déclaré à l’AFP l’avocat du député, Yassine Yakouti.

Comme l’avait demandé le parquet de Paris, l’élu a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d’entrer en contact avec la victime qui avait été hospitalisée après les faits.

Les députés, qui jouissent d’une immunité parlementaire, ne peuvent faire l’objet de mesures coercitives telles que le contrôle judiciaire ou la garde à vue qu’avec l’autorisation du Bureau de l’Assemblée nationale mais cette immunité ne s’applique pas dans cette enquête car celle-ci vise un flagrant délit.

Depuis plusieurs mois, les deux hommes nourrissaient un contentieux né du départ du PS de M. El Guerrab, ancien conseiller du Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis.

M. Faure a accusé M. El Guerrab d’avoir rallié le mouvement d’Emmanuel Macron par "opportunisme", après avoir vu qu’il ne pourrait remporter la primaire locale pour l’investiture PS aux législatives cette année. Pour M. El Guerrab, cette primaire était une "mascarade" dont le résultat était écrit d’avance.

‘Provocation’

La violente altercation, révélée par l’hebdomadaire Marianne, s’est déroulée mercredi à Paris. Ce jour-là, les deux hommes s’étaient croisés et avaient entamé une discussion houleuse autour de leurs différends avant que les choses ne dégénèrent.

Qui a commencé ? Les rivaux s’accusent chacun d’avoir agressé l’autre et au terme des premières auditions, les deux parties "restent sur leurs positions initiales", a indiqué une source proche du dossier.

Boris Faure, dont l’état de santé s’était "rapidement dégradé" et qui avait "dû être opéré en urgence" selon sa famille, a pu être auditionné vendredi à l’hôpital par les enquêteurs. "La victime conteste toute attitude et propos violents à l’encontre de M. El Guerrab", selon la source proche du dossier.

Selon le témoignage de son épouse Delphine Langlois citée par France info, "ils ont commencé à discuter et, tout d’un coup, il a vu M. El Guerrab prendre son casque, prendre de l’élan, et taper, taper très fort. Il n’a vraiment pas compris".

Contacté par l’AFP, M’jid El Guerrab avait admis jeudi un geste violent tout en affirmant regretter "d’avoir cédé à la provocation".

Devant les enquêteurs, il a tenté de justifier son comportement: "M. El Guerrab a été agressé par un individu qui le harcèle depuis plus d’un an, qui l’a déjà menacé de mort à plusieurs reprises", a accusé son avocat Yassine Yakouti.

C’est M. Faure qui "s’est rendu en bas de son domicile (mercredi) pour le provoquer et l’agresser physiquement", a-t-il ajouté.

Boris Faure lui aurait "tordu" le bras "ce qui lui a occasionné des blessures" et 6 jours d’incapacité totale de travail.

Selon l’avocat, "des propos très graves ont été tenus comme l’a rapporté un témoin qui affirme que M. Faure aurait traité M. El Guerrab de +sale Arabe de merde+".

El Guerrab est convoqué en début de semaine pour s’expliquer devant le parti La République en marche, qu’il avait rejoint fin 2016. Le trentenaire a indiqué vendredi qu’il se mettait en "congé du parti et du groupe parlementaire LREM" mais cette affaire pourrait lui coûter son exclusion du mouvement.

Au PS, le président du groupe à l’Assemblée nationale a appelé le parti présidentiel à faire preuve de fermeté.

"Personne n’imagine aujourd’hui que M’jid El Guerrab puisse encore incarner la République dans sa circonscription", a déclaré Olivier Faure, président du groupe Nouvelle Gauche à l’Assemblée nationale.

AFP

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