Le président Vladimir Poutine, très critiqué en 2000 pour sa gestion de la catastrophe du Koursk, n’avait pas réagi mardi soir.
L’armée n’a donné que très peu de détails sur l’accident survenu lundi dans un mystérieux submersible destiné, selon la version officielle, à l’étude des environnements marins et du fond des océans.
Selon le ministère de la Défense cité par les agences russes, les 14 personnes tuées, des sous-mariniers de l’armée russe, ont été intoxiquées des suites de l’incendie. L’incendie a été maîtrisé et le sous-marin est rentré à son port d’attache, ce qui sous-entend qu’il y a des rescapés.
Le feu s’est déclaré lors d’une opération visant à recueillir des données sur les fonds marins, selon l’armée russe, qui précise que le submersible est basé dans la ville fermée de Severomorsk, dans la région de Mourmansk dans l’Arctique.
Une enquête est menée par l’armée russe pour déterminer les causes de l’incendie, selon la même source, qui ne précise pas combien de marins se trouvaient à bord au moment de l’accident.
Selon des sources citées par les journaux russes RBK et Novaïa Gazeta, le submersible en question est le sous-marin nucléaire AS-12, surnommé "Locharik", du nom d’un personnage de dessin animé soviétique en raison de la forme inhabituelle de son armature.
Si peu de choses son connues sur l’AS-12, il ne serait pas armé et pourrait atteindre une profondeur de 6.000 mètres avec 25 membres d’équipage, selon Novaïa Gazeta.
– Nombreux accidents –
Cet accident rappelle la tragédie du sous-marin à propulsion nucléaire Koursk, fleuron de la flotte russe du Nord, qui avait sombré lors de manœuvres en mer de Barents avec 118 hommes à bord le 12 août 2000, au début du premier mandat de M. Poutine.
Une des torpilles avait explosé, entraînant la destruction du stock entier de munitions et envoyant le bâtiment par 110 mètres de fond. Vingt-trois membres d’équipage avaient survécu plusieurs jours à l’explosion mais étaient morts faute d’avoir été secourus à temps.
La disparition du Koursk reste à ce jour la pire catastrophe qu’ait connue la marine russe, et une ombre au tableau du maître du Kremlin, durement critiqué pour sa gestion de l’affaire. La tragédie a profondément marqué la mémoire de la société russe.
En 2008, 20 personnes étaient mortes asphyxiées à bord du submersible russe Nerpa en mer du Japon, après avoir inhalé du gaz fréon émis par le système anti-incendie. Plus de 200 personnes se trouvaient à bord, pour une surface habitable prévue pour 80.
Sur les dix dernières années, trois incendies se sont déclarés sur des sous-marins russes en réparation. Les spécialistes relèvent des problèmes de discipline et de respect des normes de sécurité sur les chantiers navals.
De nombreux autres accidents mortels ont eu lieu dans les années 1960 et 1970 impliquant des sous-marins, principalement soviétiques, mais aussi américain avec la disparition du USS Thresher avec 129 personnes à bord, la catastrophe la plus meurtrière en date.
La Russie ne cesse de renforcer sa présence dans l’Arctique, où elle espère devenir la première puissance économique et militaire en profitant notamment du réchauffement climatique et de la fonte des glaces, qui devrait ouvrir de nouvelles routes commerciales dans le Grand Nord.
Elle a rouvert ces dernières années dans la région plusieurs bases militaires qui avaient été abandonnées à la chute de l’URSS et renforcé les effectifs de sa flotte du Nord.